Rép :Attention aux “produits nouveaux” à base de plantes

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#206341
Bémol
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    [align=justify]

    Les plantes et extraits sont d’utilisation traditionnelle dans le suivi sanitaire des animaux de compagnie

    (carnivores domestiques) et de loisirs (équidés). Cet usage se rapproche généralement plus de la phytothérapie

    (produits de confort, de soutien fonctionnel, voire de soins) (Gibellin, 2003) et de l’accompagnement du sportif

    que du suivi zootechnique (croissance et reproduction).

    Peu de préparations à base de plantes médicinales sont dotées d’une autorisation de mise sur le marché (pour

    usage externe et pour usage interne par voie orale). Elles font appel à un trentaine de plantes ou d’extraits de

    plantes différents dans des conditions de préparations et d’usage définies dans le cadre de l’AMM (cf. annexe 3).

    En revanche, de nombreux produits sont utilisés en dehors de toute prescription et de toute réglementation

    spécifique en tant que suppléments nutritionnels et sans dossier scientifique probant, évalué, justifiant de leur

    réelle efficacité (au moins 200 présentations recensées sont disponibles sur le marché en vente directe,

    notamment via Internet).

    Tant en ce qui concerne les équidés que les carnivores domestiques, les différents produits commercialisés font

    appel le plus souvent à des mélanges complexes de plantes ou d’extraits de plantes en association ou non avec

    différents nutriments. Il s’avère ainsi difficile (pour ne pas dire impossible) de faire la part de l’intérêt réel respectif

    de chaque composant. Certaines présentations justifient le recours à ces associations par l’existence d’une

    synergie entre les différents constituants d’une même plante ou de plusieurs d’entre elles, les effets biologiques

    d’une plante étant, aux dires des formulateurs, supérieurs à la somme des effets de ses constituants étudiés

    isolément. Si quelques RattleetRewards études expérimentales peuvent être identifiées, trop souvent ces cocktails de plantes

    ou d’extraits ne reposent sur aucun fondement scientifique et s’inscrivent dans une démarche hasardeuse.Un

    des risques est en effet inhérent à l’existence d’interférences entre les substances actives des plantes et extraits

    de plantes avec les médicaments conventionnels (Poppenga, 2002, Means, 2002), au-delà des risques d’effets

    indésirables ou toxiques de certaines substances.

    Le développement de ce secteur, pour lequel une forte demande existe chez les propriétaires du fait de la mode

    de l’engouement pour « les produits naturels donc sans risque », ne peut se concevoir sans un minimum de

    justification tant en ce qui concerne l’identité des produits (nom, partie utilisée, modalités d’obtention,

    chémotype, traceur(s)), leur innocuité et leur efficacité par rapport à l’objectif affiché. Un niveau d’exigence

    spécifique et sans doute adapté, doit en tout état de cause être recherché, au risque sinon d’une légitime

    suspicion sur l’intérêt de ces produits et de doute sur leur innocuité.

    Pour l’avenir, si certaines pistes semblent prometteuses, une validation scientifique des allégations revendiquées

    ou suggérées (notamment par le nom commercial) reste cependant à réaliser.

    Une offre de plantes et d’extraits très diversifiée

    Plus d’une centaine de plantes ou d’extraits de plantes utilisés chez les animaux de compagnie et de loisirs ont

    été recensées à partir des observations faites sur le terrain.

    Les plantes rapportées dans le tableau en Annexe 1 sont les plus fréquemment présentes dans les formulations

    de suppléments nutritionnels utilisés aussi bien chez les carnivores domestiques que chez les équidés (hors

    médicaments et produits d’hygiène à usage externe).

    Il est particulièrement intéressant de constater que quasiment aucune des propriétés rapportées ne relève d’un

    objectif strictement nutritionnel ou zootechnique alors que ces produits sont présentés comme des suppléments

    nutritionnels.

    Une efficacité trop RattleetRewardment démontrée

    De nombreux ouvrages de vulgarisation existent pour encourager l’usage des plantes tant chez les animaux de

    compagnie (par exemple :Wulff-Tilford, 1999) que chez les équidés (par exemple : Self, 1996). Si les allégations

    revendiquées (ou suggérées) sont nombreuses(*), peu d’essais cliniques ou zootechniques publiés viennent les

    étayer sérieusement aussi bien pour les carnivores domestiques que pour les équidés.

    (*) amaigrissant – soutien de la fonction digestive – amélioration de l’arôme fécal et réduction des flatulences – aide à la reproduction – soutien

    de la fonction ostéo-articulaire – récupération musculaire après effort – soutien de la fonction cardio-respiratoire – stimulation de la fonction

    immunitaire – soutien de l’homéostasie glycémique – maîtrise de la cristalurie – dépuratif – diurétique – laxatif – sédatif…

    Les quelques données publiées dans des revues à comité de lecture relatives spécifiquement aux carnivores

    domestiques et aux équidés ont été rassemblées ci-dessous.Ont été écartées les publications à caractère général

    ne portant pas sur ces deux espèces cibles. Il est intéressant de souligner que pour nombre d’articles concernant

    l’espèce canine, les essais qui portent sur le Chien, ne s’intéressent le plus souvent pas à cette espèce pour

    elle-même, mais en tant que modèle animal de pathologies intéressant l’Homme.

    Le choreito est classiquement décrit dans la littérature orientale comme une alternative dans la prévention du

    risque d’urolithiases. Le choreito est un mélange, à parts égales, d’un champignon Polyporus umbellatus, de

    Wolforia cocos, d’Alisma orientale, de gélatine et de silicate de magnésium (Buffington, 2002).Compte tenu de la

    grande sensibilité de l’espèce féline aux désordres du bas appareil urinaire, il était tentant de tester l’efficacité de

    cette alternative sur une cohorte de chats.En additionnant à un aliment humide du commerce du choreito de façon

    à apporter 500 mg/kg P, il ne serait observé aucun changement significatif au niveau du pH et de la densité

    urinaire, mais une réduction du nombre de cristaux urinaires de struvite et de l’index de supersaturation

    (Buffington et al., 1994). Avec le même apport de choreito, mais réalisé cette fois sur un aliment humide du

    commerce additionné parallèlement de 0,5 % de magnésium inorganique (un taux suffisant pour induire à coup

    sûr une précipitation dans les urines de cristaux de phosphate-ammoniaco-magnésien (struvite), et la survenue

    d’un syndrome urologique félin), il serait observé une réduction du nombre de cristaux urinaires de struvite dans

    les urines des chats traités (n=6) par rapport aux chats témoins non supplémentés (n=6) mais surtout une

    réduction de l’incidence et la gravité des signes urologiques (Buffington et al., 1997a). Dans un travail

    complémentaire, les mêmes auteurs montreraient que parmi les composants du choreito, c’est l’extrait d’Alisma

    orientale (dénommé takushya par les japonais) qui constitue la part la plus efficiente pour abaisser le pH urinaire

    et réduire la formation des cristaux à raison de 100 mg/kg P (Buffington et al.,1997b).Une préparation commerciale

    de choreito disponible au Japon a fait l’objet d’un essai clinique multicentrique sur quelques semaines et a conduit

    à la recommandation d’un dosage efficace de 300 mg/kg P. Un essai à plus long terme serait cependant

    indispensable pour une réelle évaluation de l’efficacité et de la sécurité de cette préparation (Buffington, 2002).

    Plusieurs plantes ou extraits de plantes revendiquent une efficacité anti-cancéreuse.C’est notamment le cas pour

    les extraits de Serenoa repens pour ce qui est de la prévention du risque de cancer de la prostate.Vingt chiens atteints

    d’une hyperplasie prostatique bénigne ont été répartis en 3 groupes 1) témoin sans traitement 2) traité avec 1500

    mg/j en 3 prises d’extrait végétal 3) traité avec 300 mg/j en 3 prises d’extrait végétal.Après 91 jours d’essai, l’apport

    d’extrait végétal n’induirait aucune réponse tant en ce qui concerne le poids, le volume ou le score histologique

    de l’organe, pas plus que sur les caractéristiques de la semence ou le taux de testostérone (Barsanti et al., 2000).

    Le lycopène (caroténoïde anti-oxydant présent notamment dans les tomates) n’a fait l’objet d’aucune étude

    clinique chez le Chien si ce n’est la démonstration que cet animal peut constituer, du fait des caractéristiques

    pharmacologiques et de la distribution tissulaire du lycopène au sein de son organisme, un bon modèle d’étude.

    En effet, le lycopène se retrouverait tant au niveau plasmatique que dans la prostate à des concentrations

    similaires chez le Chien et chez l’Homme (Korytko et al., 2003).

    Si les données relatives à la relation nutrition-immunité sont nombreuses (cf. par exemple la revue de Hayek,

    1998 pour les carnivores), une attention plus particulière est portée actuellement sur l’impact des caroténoïdes

    sur le renforcement de la réponse immunitaire des animaux (Chew et Park, 2004). L’absorption digestive de

    lutéine alimentaire et son transfert aux leucocytes circulants chez le chien et le chat ont été décrits (Park et al.,

    1999 ; Chew et al., 1998). Chez le chien, l’apport de lutéine induirait une réponse de type immunité cellulaire

    (hypersensibilité retardée) (Chew et al., 1998). Chiens et chats absorbent également le βcarotène alimentaire et

    transfèreraient ce nutriment dans les organites des cellules de l’immunité (lymphocytes) (Chew et al., 2000a et

    b). Une réponse positive serait ainsi rapportée tant en ce qui concerne l’immunité humorale (IgG) que cellulaire

    (CD4 et ratio CD4/CD8) notamment chez le chien (Chew et al., 2000c).

    La qualité de la fourrure et l’intégrité cutanée des carnivores domestiques constituent souvent une

    préoccupation des propriétaires. Parmi les signes observés conduisant à une demande de suivi vétérinaire, le

    prurit est le plus couramment rapporté. Une préparation à base d’extraits de plantes et d’oligo-éléments a été

    testée sur 22 chiens dans un contexte de dermatose prurigineuse (Despéramont, 1991). La préparation est

    constituée d’extrait sec d’Hapagophytum procumbens (racine), de Viola tricolor (plante entière), de Fumaria

    officinalis (plante entière) et de Glyccyrhiza glabra (racine) ainsi que de gluconate de manganèse, de zinc et de

    thiosulfate de sodium. Un traitement de 10 jours par mois a été mis en place, en association au traitement

    spécifique de la cause de la maladie associée, lorsqu’il existe. La réponse anti-prurigineuse aurait été plutôt

    favorable que ce soit dans un contexte aigu (cheylétiellose et impétigo) ou chronique. L’effet de la préparation

    serait dû, selon l’auteur, aux activités anti-inflammatoires des racines d’Hapagophytum procumbens, et de

    Glyccyrhiza glabra, à l’activité analgésique des racines d’Hapagophytum procumbens, à l’effet dépuratif et

    draineur de Viola tricolor et de Fumaria officinalis, ainsi qu’à l’activité réparatrice du zinc.

    Les manifestations prurigineuses sont également une dominante du tableau clinique des dermatites atopiques.

    Nagle et al. (2001) ont conduit une étude aléatoire durant 2 mois en double aveugle sur 50 chiens atteints de

    dermatite atopique avec une préparation pour usage interne à base de Glyccyrhiza uralensis, Paeonia lactiflora

    et Rehmannia glutinosa. Neuf chiens sur 24 du groupe traité contre 3 sur 23 du groupe témoin auraient vu leur

    état s’améliorer sur la durée de l’essai (p = 0,09), mais il est à noter un taux de retrait de l’essai très élevé et

    significatif dans le lot témoin dû à une détérioration sensible de l’état des animaux.

    La maîtrise de la qualité des fèces et notamment de leur odeur est un problème important pour les propriétaires

    d’animaux de compagnie. L’addition d’extraits de Yucca schidigera (YSE) à des aliments secs pour chiens ou pour

    chats amélioreraient sensiblement les caractéristiques aromatiques des fèces (Lowe et Kershaw, 1997).Cet effet

    découlerait de la modification du profil des fermentations microbiennes (inhibition des germes sulfitoréducteurs),

    avec réduction de la production des métabolites aromatiques impliqués dans la perception d’odeurs

    désagréables, mais aussi de leur fixation sur le support végétal (Lowe et al., 1997). L’efficacité de cette plante dans

    la réduction de la production d’H2S dans le gros intestin du chien, le principal composant responsable du

    caractère malodorant des épisodes de flatulence, aurait été confirmée ultérieurement (Giffard et al., 2001).

    Plus ponctuellement, certaines plantes ou extraits de plantes ont été testés chez le chien afin d’étudier certaines

    propriétés pharmacologiques. C’est notamment le cas :

    • de la capsaïcine extraite du piment (Capsicum annuum) pour ses propriétés vaso-actives (Porszasz et al.,2002)

    et ses effets sur la motricité gastro-intestinale (Shibata et al., 1999b et 2002a et b),mais également son activité

    hypoglycémiante et insulino-sécrétoire (Tolan et al., 2001) ;

    • du fruit du Bois piquant (Zanthoxylum americanum) pour son action stimulante de la motricité du duodénum

    et du jéjunum et du rhizome de gingembre (Zingiber officinale) pour son action stimulante de la motricité de

    l’antre gastrique, tous deux étant des ingrédients majeurs de la préparation chinoise dite « dai-kenchu-tou »

    (Shibata et al., 1999a ; Jin et al., 2001) ;

    • de différents dérivés de phénols monoterpéniques (thymol,eugénol,carvacrol) pour leur activité cardiorégulatrice

    (Magyar et al., 2004).

    Le seul essai publié réalisé chez les équidés concerne l’usage d’Harpagophytum procumbens dans le cadre de ses

    propriétés anti-inflammatoires et anti-douleur articulaires dans un modèle d’inflammation chronique : l’éparvin

    (Montavon, 1994). La préparation phytothérapeutique (PP) utilisée contenait également du cassis (Ribes nigrum),

    de la prêle (Equisetum arvense) et du saule blanc (Salix alba). À côté des dix chevaux traités par la PP (150 g de

    la préparation -soit 20 g de poudre d’Harpagophytum procumbens- pendant 10 jours par mois durant 3 mois),

    10 témoins positifs ont reçu un traitement classique à base de phénylbutazone. L’amélioration de l’état clinique

    des chevaux serait sensible pour les deux groupes dès J15 et deviendrait significativement positive en faveur de

    la PP de J30 à J90.À J120 c’est-à-dire 30 jours après l’arrêt du traitement, seule la PP permettrait de conserver un

    avantage significatif par rapport à la situation initiale. On peut cependant regretter qu’aucune information ne

    soit donnée sur la richesse de la PP en harpagoside, composé associé à l’effet anti-inflammatoire chez l’homme

    (Chrubasik et al., 2004). L’efficacité éventuelle de ce type de produit n’est pas extrapolable à d’autres produits

    faisant appel à des plantes ou extraits de plantes du même type sans étude expérimentale et sans vérification

    de la concentration en substance(s) active(s) (Chrubasik et al., 2003). Plusieurs suppléments nutritionnels destinés

    au chien contiennent de la racine d’Harpagophytum, mais aucune publication ne vient étayer cet usage.

    Perspectives

    Le recours aux plantes et extraits de plantes pour les aliments ou les suppléments nutritionnels destinés aux

    animaux de compagnie ou de loisirs s’accompagne d’un affichage plus ou moins explicite d’allégations à

    caractère santé, voire à visée thérapeutique. Une telle pratique ne peut être acceptée que si elle est associée à

    l’existence d’une démonstration d’efficacité scientifiquement validée sur les espèces cibles. Or pour les carnivores

    domestiques et les équidés, les d’études publiées sont RattleetRewards et peu probantes.[/align]

    Extrait du rapport AFSSA