Bémol

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      [align=center]Les fumonisines[/align]

      Bien que la découverte de la structure de la fumonisine B1 (FB1) date de 1988 (Gelderblom et al.,

      1988), les effets de cette famille de mycotoxines sont connus depuis longtemps dans plusieurs

      espèces animales, en particulier chez les équidés où elles se manifestent par une hépatotoxicité et

      une nécrose cérébrale. Cette famille de mycotoxines est principalement produite par Fusarium

      verticillioides (anciennement F. moniliforme) et F. proliferatum.

      Les fumonisines des céréales semblent être produites quasi exclusivement au champ, sur maïs et

      sorgho par des espèces de F. verticillioides (anciennement F. moniliforme) et F. proliferatum. Les

      facteurs de variation sont moins bien connus que ceux concernant les autres fusariotoxines.

      Absorption et élimination

      Chez le rat et la plupart des animaux, les études de la cinétique de la FB1 indiquent une faible

      absorption, une distribution rapide et une élimination selon un modèle à deux ou trois compartiments.

      Toxicité générale

      Une toxicité a été observée, pour toutes les espèces animales étudiées, dans le foie qui est la

      principale cible de la FB1. Les reins sont également affectés chez de nombreuses espèces. Dans ces

      organes, la toxicité induite par la FB1 est souvent initialement caractérisée par une nécrose liée à des

      processus apoptotiques et oncotiques suivie d’une régénération et, dans le cas du foie, d’une

      hyperplasie des conduits de la bile. Chez les rongeurs, la toxicité de la FB1 dépend à la fois de la

      lignée utilisée et du sexe des animaux.

      Toxicité cellulaire

      ]Deux processus peuvent entraîner la mort cellulaire : la nécrose et l’apoptose. Si les processus

      nécrotiques pouvant être à l’origine de la cytotoxicité des fumonisines sont peu caractérisés, il n’en est

      pas de même pour les processus apoptotiques. Dans plusieurs modèles animaux, l”administration de

      FB1 induit une apoptose dans divers tissus (Lim et al., 1996; Tolleson et al., 1996; Sharma et al.,

      1997; Bucci et al., 1998; Ciacci-Zanella et Jones, 1999; Lemmer et al., 1999; Dragan et al., 2001;

      Jones et al., 2001; Dombrink-Kurtzman, 2003; Gopee et al., 2003). L”apoptose semble jouer un rôle

      important dans les effets toxiques de la FB1 y compris dans l”induction de tumeur. Dans les

      expériences réalisées sur animaux, les phénomènes d”apoptose sont observés à toutes les doses

      induisant des effets toxiques y compris les effets cancérogènes. La dose de toxine induisant

      l”apoptose dépend de la durée de l”exposition, de l’espèce animale considérée et varie de 0,9 à 12 mg

      FB1/kg p.c./j dans les expériences à long ou à court terme.

      Toxicité aiguë

      L’espèce animale domestique la plus sensible à la FB1 est le cheval. Des manifestations aiguës de la

      toxicité des fumonisines ont été mises en évidence : les chevaux développent une

      leucoencéphalomalacie, syndrome qui entraîne la mort des animaux

      Toxicité sub-aiguë et subchronique

      ]Dans toutes les études effectuées chez le rat des

      effets néphrotoxiques et hépatotoxiques ont été observés. L”incidence et la sévérité des altérations

      rénales ont été étroitement corrélées avec des concentrations accrues de sphinganine dans les tissus,

      le sérum et l”urine (Riley et al., 1994). D”autres effets toxiques de la FB1 ont été également rapportés

      chez le rat, tels qu”une nécrose du myocarde et un oedème pulmonaire sévère (Gelderblom et al.,

      1993b).

      Chez les rats, la toxicité se manifeste principalement au niveau rénal. Des lésions du tubule proximal

      situé dans la médula externe ont été observées chez les mâles F344 recevant un aliment contaminé

      avec 9 mg de FB1/kg (soit 0,6 mg/kg p.c./j) ou des aliments plus contaminés (27 et 81 mg de FB1/kg

      d”aliment) et chez les femelles recevant l”aliment le plus contaminé (81 mg/kg d”aliment) pendant 13

      semaines (Voss et al., 1995). Ces lésions sont du même type que celles observées dans une étude

      menée sur quatre semaines (Voss et al., 1993). Le poids relatif des reins diminue chez les rats mâles

      nourris pendant 4 semaines avec un aliment contenant 27 mg de FB1/kg et chez les mâles et les

      femelles nourris pendant 13 semaines avec un aliment contenant 9 mg de FB1/kg. Dans le sérum, la

      créatinine augmente chez les mâles nourris pendant 13 semaines avec un aliment contenant au

      moins 27 mg de FB1/kg et chez les femelles nourries pendant 13 semaines avec un aliment contenant

      81 mg de FB1/kg. Dans cette étude, la NOAEL est de 0,2 mg de FB1/kg p.c./j.

      D’autres manifestations toxiques sont décrites chez le rat. En particulier, une thrombose cardiaque

      intraventriculaire a été observée chez tous les animaux ayant ingéré quotidiennement de fortes doses

      de culture de F. verticillioides, sur des périodes allant de 44 à 78 jours (Kriek et al., 1981).

      Cancérogénicité

      Plusieurs études ont été conduites chez différentes souches de rats (BDIX et F344/N), sur des

      périodes d’intoxication allant jusqu’à 2 ans (Marasas et al., 1984; Jaskiewicz et al., 1987; NTP, 2001).

      La distribution à des rats d”aliments contaminés avec des extraits de culture de F. verticillioides

      produisant de fortes doses de fumonisines (principalement de la FB1) pendant 23 à 27 mois entraîne

      l’apparition de carcinomes hépatocellulaires, avec cirrhose et adénofibrose, mais aussi des

      carcinomes de l’épithélium gastrique et une hyperplasie des cellules basales de l’oesophage (Marasas

      et al., 1984, Jaskiewicz et al., 1987).

      Effets sur la reproduction, embryotoxicité et tératogénicité

      Une suspicion d”effet toxique des fumonisines sur la reproduction a été émise suite aux observations

      suivantes:

      – avortement chez des truies ayant consommé un aliment contaminé avec des fumonisines

      (Harrison et al., 1990),

      – défauts de naissance pouvant être corrélés à la consommation d”aliment contaminé par

      les fumonisines chez des habitants du Texas (Hendricks, 1999) ;

      – inhibition de la synthèse de sphingolipides par les fumonisines (Wang et al., 1991).

      Immunotoxicité

      Les effets immunotoxiques des fumonisines ont été mis en évidence à la fois in vivo et in vitro et

      auraient des conséquences sur la sensibilité des animaux aux infections

      Plusieurs études montrent que la FB1 affecte le poids des organes immunitaires, en particulier le

      thymus.

      Les effets de la FB1 ont également été étudiés sur la réponse immunitaire à médiation cellulaire chez

      l”homme, les rongeurs, le porc et les volailles. Les conséquences en termes de sensibilité aux infections et l”altération causée de la réponse

      immunitaire ont été documentées. Chez des porcelets ayant ingéré de la FB1 (0,5 mg/kg p.c./j

      pendant 7 jours) on observe une augmentation de la colonisation intestinale par une souche

      pathogène d”Escherichia coli (Oswald et al., 2003). Chez des souris ayant ingéré 15 ou 25 mg FB1/kg

      p.c./j pendant 14 jours, on observe également une diminution de la clairance bactérienne de Listeria

      monocytogenes après infection intraveineuse (Tryphonas et al., 1997). Chez des porcs ayant reçu la

      même dose de toxine pendant 7 jours, on observe également une diminution de la clairance de

      Pseudomonas aeruginosa (Smith et al., 1996c). Au contraire, l”ingestion de fortes doses de toxines

      (aliment contaminé par des extraits de culture fungiques et contenant 150 mg FB1/kg) augmente la

      résistance des souris à l”infection par le parasite intracellulaire Tryponosoma cruzi (Dresden Osborne

      et al., 2002). Cet effet « protecteur » de la FB1 pourrait être lié à sa capacité à induire la synthèse de

      cytokines pro-inflammatoires.

      Effets sur le système nerveux

      Le syndrome de leucoencéphalomalacie équine est caractéristique de l”ingestion de fumonisines.

      Une étude de Kwon et al., (1997) indique également que l”injection sous-cutanée de FB1 chez des

      rats nouveau-nés entraîne une élévation du rapport Sa/So dans les tissus cérébraux et réduit le dépôt

      de myéline, ce qui pourrait retarder le développement du système nerveux. Cette étude suggère

      également que le métabolisme des sphingolipides dans le système nerveux des rats nouveau-nés est

      très sensible à la FB1. En effet, après injection de 0,8 et 8,0 mg de FB1/kg p.v., le ratio entre l”aire

      sous la courbe en FB1 du plasma et celle du cerveau est de 0,02 chez les rats adultes, mais de 40

      chez les rats nouveau-nés (Kwon et al., 1997).

      Plus récemment, il a été montré qu”une injection intracérébrale de 100μg de FB1 induit une

      neurodégénération avec une inhibition simultanée de la synthèse de novo de céramide, une

      stimulation des astrocytes et une augmentation des cytokines pro-inflammatoires (Osuchowski et al,.

      2005).

      Effets sur le système cardiovasculaire

      Les premières démonstrations d”une toxicité des fumonisines sur le système cardiovasculaire ont été

      réalisées chez des babouins nourris avec des aliments contaminés par des extraits de F. verticillioides

      où un arrêt du coeur avec une congestion aiguë a été observé (Kriek et al. 1981). Des études sur

      porcs nourris pendant 7 mois avec un aliment contaminé (150 à 170 mg FB1/kg d’aliment) ont montré

      une hypertrophie ventriculaire du coeur droit et une hypertrophie des artères pulmonaires

      Effets sur la santé humaine (données épidémiologiques)

      Peu d”études épidémiologiques sont disponibles et la plupart ne sont pas concluantes dans la mesure

      où les données quantitatives ne permettent pas de conduire une évaluation du risque. Parmi ces

      études, celles réalisées en Afrique du Sud et en Chine semblent établir une corrélation entre la

      consommation de produits contaminés par la FB1 et une augmentation de l”incidence de cancer de

      l”oesophage, corrélation qui n”a pas été mise en évidence dans une étude réalisée en Italie (CIRC,

      1993).

      Effets sur les Animaux de compagnie et de loisirs

      Les carnivores domestiques

      Aucun trouble n’a jamais été rapporté chez les carnivores domestiques en relation avec cette

      contamination qui ne semble pas poser de problème pratique à l’industrie des aliments secs pour

      carnivores.

      Une seule enquête épidémiologique a été réalisée et laisse cependant à penser que les carnivores

      domestiques (chiens et chats) pourraient être potentiellement exposés au risque toxicologique lié à la

      présence de fumonisines dans les aliments secs contenant des céréales ou des tourteaux. Un

      échantillon de 35 aliments secs pour chiens et de 35 aliments secs pour chats disponibles sur le

      marché britannique a fait l’objet d’une recherche des fumonisines B1 et B2 (seuil de détection

      respectivement de 3 et de 8 μg/kg). La FB1 a été identifiée dans un seul aliment pour chiens (105

      μg/kg) et dans 3 aliments pour chats (90, 240 et 690 μg/kg). La FB2 a également été identifiée dans le

      même aliment pour chiens (30 μg/kg) et dans 2 des 3 aliments pour chats déjà contaminés par la FB1

      (80 et 60 μg/kg) (Scudamore et al., 1997).

      Conclusions et recommandations

      Parmi les différentes fumonisines, les effets de la fumonisine B1 (FB1) sont les mieux caractérisés :

      on assiste notamment à une altération du métabolisme des sphingolipides dont toutes les

      conséquences toxicologiques ne sont pas connues. En terme d”effets cliniques majeurs, l’oedème

      pulmonaire porcin et la leucoencéphalomalacie équine sont les principaux effets observés sur la santé

      animale.

      La population française est peu exposée aux fumonisines en raison de la faible consommation de

      maïs et du faible transfert de ces toxines dans les produits animaux. Cependant, les teneurs

      mesurées dans le cadre des plans de surveillance et de contrôle dans les produits à base de céréales

      destinés aux enfants en bas-âge montrent qu’il conviendrait de renforcer les contrôles sur ces

      produits.

      En revanche, la population animale est plus exposée, le maïs pouvant constituer un élément majeur

      de son alimentation. Particulièrement contaminées, les issues de maïs utilisées dans l”alimentation

      des animaux, notamment celle des équidés, présentent un risque particulier et devraient être

      réglementées. D”une façon générale, les teneurs maximales recommandées (Recommandations de la

      Commission14 et de la FDA27) pour les maïs destinés aux animaux apparaissent trop laxistes au

      regard de la protection de la santé animale.

      La connaissance de la toxicité des fumonisines autres que la FB1 est très limitée et le différentiel

      toxique entre fumonisines n”est pas connu. Il faudra à l’avenir engager des recherches sur le danger

      toxique des fumonisines, notamment les dangers immunotoxique et cancérogène à doses faibles.

      Outre la recherche sur les dangers toxiques des fumonisines, plusieurs voies d’amélioration sont à

      considérer :

      – du point de vue réglementaire, la réglementation devrait concerner non seulement à la somme

      FB1+FB2 mais également la seule FB1 ;

      27 FDA. Background Paper in Support of Fumonisin Levels in Animal Feed, FDA 2001.

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      – du point de vue analytique, des progrès sont attendus pour le dosage en routine des

      fumonisines dans les matières premières et produits finis ;

      – du point de vue de la surveillance, la conduite des plans devra se poursuivre sur le maïs afin

      de prendre en compte l’évolution du climat. En effet, la contamination naturelle en fumonisines

      peut être fréquente selon les années dans le maïs du sud de l”Europe. Par ailleurs, les plans

      de surveillance devront être étendus au sorgho.

      Bémol
      Senior Moderator

        [align=center]La zéaralènone[/align]

        La zéaralènone (ZEA) est une mycotoxine à effet oestrogénique se développant dans les céréales

        (maïs, shorgo, orge, blé, riz, avoine…), principalement au champ (flore du champ), lors du stockage

        du maïs en cribs9 ou dans l’orge dans la phase de germination au cours du maltage. Des souches

        isolées à partir de bananes peuvent également produire la zéaralènone

        La zéaralènone est produite par les champignons toxinogènes en même temps que d’autres toxines,

        notamment les trichothécènes, au cours de la maturation des grains de céréales lorsque les

        conditions climatiques sont mauvaises (exposition des épis aux intempéries) dans les régions

        tempérées d’Europe, d’Amérique et d’Asie (Gajecki, 2002).

        Toxicité aiguë

        La zéaralènone possède une faible toxicité aiguë après administration orale mais aussi intrapéritonéale

        chez la souris, le rat et le cobaye. La DL50 varie entre 4000 et plus de 20 000 mg/kg pc

        (JECFA, 2000).

        Toxicité sub-aiguë et sub-chronique

        Les études de toxicité orale sur 90 jours permettent de mettre en évidence que les effets observés

        aussi bien sur animaux de laboratoire que sur animaux domestiques dépendent des interactions de la

        zéaralènone et de ses métabolites avec les récepteurs aux oestrogènes. Les porcs et les moutons

        semblent plus sensibles que les rongeurs. Dans des études par administration réitérée, la NOAEL

        chez le porc est égale à 40 μg/kg pc/jour sur la base des effets oestrogéniques dans les tissus cibles

        et des performances en terme de reproduction. En revanche, la NOAEL chez le rat est de 100 μg/kg

        pc/j (JECFA, 2000 ; Kuiper-Goodman et al., 1987).

        Immunotoxicité

        Plusieurs altérations des paramètres immunologiques ont été montrées in vitro après exposition de

        lymphocytes à la zéaralènone : inhibition de la prolifération lymphocytaire après stimulation par un

        mitogène, augmentation de la production d’IL-2 et d’IL-5 (JECFA, 2000).

        Par contre, aucune étude réalisée in vivo ne montre d’immunotoxicité de la zéaralènone.

        Reproduction

        La zéaralènone induit des troubles de la reproduction chez les rongeurs et chez des animaux

        domestiques. Des effets oestrogéniques variés tels qu’une diminution de la fertilité, une augmentation

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        des résorptions embryolétales, une diminution de la taille des portées, des changements de poids des

        glandes surrénales, de la thyroïde et de l’hypophyse ainsi que des changements de niveaux sériques

        de progestérone et d’oestradiol ont été observés chez la souris, le rat, le cobaye et le lapin. Toutefois,

        aucun effet tératogène n’a été rapporté

        Toxicité sur les Animaux de compagnie et de loisirs

        Si les animaux de compagnie et de loisirs ne diffèrent pas fondamentalement des autres animaux

        domestiques quant aux circonstances et aux conséquences du risque lié aux mycotoxines, ils

        présentent cependant une différence notoire : celle de la durée de l’action toxique inhérente à leur

        longue espérance de vie. Pour ces espèces, c’est tout autant l’impact de consommation de faibles

        doses sur de très longues périodes avec des répercussions sur la fertilité ou les performances, la

        baisse d’immunité ou la sensibilité accrue aux agents infectieux, que le risque ponctuel lié à des

        contaminations massives associées à un tableau clinique plus explicite, qu’il s’avère particulièrement

        pertinent de connaître.

        • Les carnivores

        De fréquentes remontées du terrain laissent à penser que les carnivores domestiques (canidés et

        félidés) seraient susceptibles de présenter des signes cliniques de mycotoxicoses oestrogéniques

        suite à la consommation d’aliments secs contenant des céréales avariées (blé et surtout maïs).

        Cependant aucune de ces observations n’est clairement documentée et n’a fait l’objet de publication.

        142

        A l’occasion d’une enquête épidémiologique conduite entre mai 2001 et mai 2002 et portant sur la

        contamination des aliments destinés aux animaux domestiques, 45 échantillons d’aliments secs pour

        chiens disponibles en Pologne ont fait l’objet d’un dépistage de zéaralènone (Gajecki, 2002).

        Quarante-deux se sont révélés positifs avec des valeurs comprises entre 5 et 299,5 μg/kg. L’enquête

        conduite par Zwierzchowski et al. (2004) dans le même pays fournit des résultats comparables : sur

        57 aliments pour carnivores analysés, 48 (soit 86 %) se révèlent positifs à la zéaralènone (de 0,5 à

        299,5 μg/kg) avec un taux moyen de contamination de 36 μg/kg.

        Cependant, les seules observations faisant clairement le lien entre zéaralènone et reproduction des

        carnivores ont été faites dans des conditions de contamination expérimentale d’aliments à destination

        de chiens ou de visons. Aucune donnée n’est disponible dans l’espèce féline.

        Hidy et al. (1977) font les premiers référence à un nombre significativement réduit de corps jaunes

        chez des chiennes recevant durant 13 semaines une alimentation contaminée expérimentalement par

        la zéaralènone (1 mg/kg pv/j). Plus récemment, l’activité ciblée de la zéaralènone sur la fonction de

        reproduction de la chienne a été confirmée (Gajecka et al., 2004a et b). Des chiennes âgées de 6

        mois ont reçu de la zéaralènone pure additionnée à leur aliment, à la dose de 200 μg/kg pv durant 7

        jours, équivalant à une concentration dans l’aliment de 10 mg/kg environ. Au terme de cet essai, les

        animaux ont été ovario-hystérectomisés. Les tissus prélevés ont fait l’objet d’un examen

        macroscopique et microscopique. L’utérus était oedématié, hyperémique et hyperplasique avec un

        endomètre pulpeux et congestif. Le cervix et le vagin présentaient de nombreuses cellules

        métaplasiques. Quant aux ovaires, il était possible de noter une hyperémie, mais également une

        atrésie folliculaire. Avec un niveau de contamination inférieur (25 et 50 μg/kg pc durant 50 jours), il est

        noté un effet dépresseur sur certains paramètres de l’immunité humorale (Gajecka et al., 2004a).

        In vitro, des cellules de la granulosa et de la thèque interne exposées à 25 ng/mL de zéaralènone

        révèlent une dégénérescence vacuolaire, signant une atteinte fonctionnelle des tissus folliculaires

        (Skorska-Wyszynska et al., 2004). Au vu de ces observations, il n’est donc plus possible d’écarter

        l’éventuelle responsabilité d’une contamination, même faible, des aliments pour carnivores dans la

        survenue de troubles de la fécondité en élevage chez les femelles potentiellement reproductrices

        (oestrus prolongé, kystes ovariens, pyomètre, etc.).

        Parmi les animaux à fourrure, les visons (Mustela vison) constituent une catégorie à part compte tenu

        du caractère intensif de la conduite de la reproduction. L’impact d’un effet délétère éventuel de la

        zéaralènone a été évalué par Yamini et al. (1997) : un quart seulement des femelles mises à la

        reproduction et recevant des aliments contaminés à 20 mg/kg de zéaralènone ont mis bas. Les

        femelles vides ont toutes présenté une atteinte utérine (hyperplasie de l’endomètre, endométrite et/ou

        pyomètre) et ovarienne (atrésie folliculaire).

        Conclusions et recommandations

        L’effet toxique le plus préoccupant de la zéaralènone est son caractère de perturbateur endocrinien à

        activité oestrogénique. L’effet sur l’homme n’est pas avéré. En revanche, les porcins sont sensibles à

        la zéaralènone, et plus particulièrement les jeunes femelles. Chez cette espèce, la zéaralènone est

        métabolisée en α-zéaralènol, dont l’activité oestrogénique est supérieure à celle du composé parental.

        Cette bioconversion pourrait intervenir dans le tube digestif des ruminants. Le risque d’une

        contamination du lait des ruminants n’est pas avéré sur la base du taux de transfert non significatif.

        Néanmoins cette observation a été effectuée lors de quelques expérimentations chez des vaches

        laitières. La présence de zéaralènone et de ses métabolites, notamment l’α-zéaralènol, dans les

        produits animaux, devrait ainsi faire l’objet d’études complémentaires afin d’évaluer la réalité du

        transfert dans les denrées d’origine animale.

        La Dose Journalière Tolérable Provisoire fixée par le SCF en 2000 a été retenue pour la

        caractérisation du risque pour le consommateur. L’exposition alimentaire humaine est inférieure à la

        dose journalière tolérable sauf pour 2,5% des enfants de 3 à 14 ans, et pour 31% de la population

        végétalienne.

        Les principaux aliments vecteurs sont ainsi les céréales (maïs) contaminées au champ par des

        Fusarium producteurs. Les plans de surveillance devraient être confortés par la prise en compte des

        produits céréaliers à base de blé destinés à l’alimentation humaine et animale.

        Les animaux d’élevage peuvent être exposés à la zéaralènone contaminant les céréales et coproduits

        céréaliers à des teneurs élevées capables d’induire un risque d’apparition d’effets oestrogéniques,

        notamment chez le porc. Concernant les poussières de céréales (déchets de céréales), le problème

        est récurrent quant à leur niveau de contamination. Il serait recommandé de ne pas les utiliser pour

        l’alimentation animale.

        Il serait également souhaitable de disposer de plus de données de contamination de certaines

        matières premières, et notamment de fourrages et d’ensilages.

        Compte tenu de la part prépondérante prise par les aliments secs dans l’alimentation des carnivores

        domestiques, et de la contribution notable de certaines céréales à risque (maïs notamment) dans la

        formulation de ces aliments, des essais devraient être entrepris afin d’évaluer scientifiquement le

        niveau de réceptivité et de sensibilité des femelles reproductrices de ces espèces.

        Il serait souhaitable que des études toxicologiques soient réalisées selon les lignes directrices

        reconnues internationalement afin de réviser les doses journalières tolérables provisoires fixées en

        1999 et 2000 sur le fondement d’études insuffisantes.

        Enfin, des études devraient également être conduites pour améliorer les connaissances

        toxicologiques sur les interactions entre la présence de zéaralènone avec celle des autres

        perturbateurs endocriniens, ou des associations de toxines fusariennes, notamment de la zéaralènone avec des trichothécènes et des fumonisines.

        Bémol
        Senior Moderator

          [align=center]Les trichothécènes[/align]

          Les moisissures productrices de trichothécènes sont du genre fusarium et contaminent principalement les céréales (blé, maïs, orge, sarrasin, millet, avoine, riz)

          [align=center]Les trichothécènes du groupe A[/align]Toxicité aiguë

          Les principaux effets relevés dans les études expérimentales de toxicité aiguë apparaissent pour des

          doses de toxine T-2 comprises entre 0,06 et 10 mg/kg pc suivant les espèces animales et comportent

          des symptômes non-spécifiques comme la perte de poids, l”inappétence, des dermatites, des

          vomissements, des diarrhées, des hémorragies ainsi que des lésions nécrotiques de l”épithélium

          stomacal et intestinal, de la moelle osseuse, de la rate, des testicules et des ovaires.

          Toxicité chronique et Cancérogenicité

          Des souris exposées par voie orale pendant 12 mois à 1,5 et 2,25 mg de toxine T-2/kg pc/j ont

          présenté des lésions réversibles de l”oesophage (hypoplasie, hyperkératose) apparaissant dès la

          13ème semaine. Chez le rat, les mêmes lésions sont observées au delà de 0,5 mg/kg pc

          Des rats albinos exposés pendant 8 mois à 10 mg/kg d”aliment n”ont présenté aucune lésion dans les

          organes observés.

          Chez la souris, l’administration de 0,23 à 0,45 mg/kg pc/j de toxine T-2 pendant 16 mois induit une

          augmentation de l”incidence d”adénomes pulmonaires de l”ordre de 10 % à la plus faible dose et de 15

          % à la plus forte dose, ainsi que des adénomes hépatocellulaire chez les mâles à la plus forte dose et

          une augmentation dose dépendante des d”hyperplasie de l”épithélium de l”estomac antérieur dans les

          2 sexes aux deux doses testées. Aucune modification des paramètres hématologiques et

          immunologiques n’a été rapportée dans cette étude.

          Reprotoxicité

          Les trichothécènes provoquent la mort foetale à partir de 3 mg T-2/kg p.c. administrés po ainsi que

          des malformations foetales lorsque les souris sont soumises à 1 mg T-2/kg pc

          Hématotoxicité

          Lignée des globules blancs

          Des diminutions du nombre de globules blancs (leucopénie) apparaissent après exposition aux

          trichothécènes chez le chat, la souris, le cochon d’inde, le rat, le lapin, le mouton et le porc. Les intoxications aux trichothécènes se traduisent de différentes manières

          si on considère la lignée des globules blancs. Dans les premières 24 heures après administration

          d’une dose unique, une leucocytose (augmentation du nombre de globules blancs) est observée

          suivie d’un retour à la normale pour une dose moyenne ou d’une leucopénie pour une dose plus forte

          (Ueno et al., 1985). Lors d’administrations répétées, une leucopénie est observée (Otokawa et al.,

          1983 ; Ueno et al., 1983 ; Ryu et al., 1988 ; Suphiphat et al., 1989).

          Lignée des globules rouges

          La lignée des globules rouges (érythrocytes) est également atteinte lors d’intoxications par les

          trichothécènes. In vivo, des anémies, une diminution de la concentration en hémoglobine et une chute de

          l’hématocrite ont été décrites chez le rat, le chat, la souris, le poulet et le cochons d’inde

          Chez le chat, l’administration orale chronique de 0.08 mg/kg pc de toxine T-2 induit une anémie avec

          une chute de l’hématocrite de 30 %, du taux d’hémoglobine (Lutsky et al., 1981) et la présence

          d’érythrocytes nucléés dans le sang signant la régénération médullaire avec libération d’éléments

          immatures (Conner et al., 1986). Ce dernier phénomène est également observé chez le porc après

          administration de toxine T-2 et la souris après administration

          Lignée plaquettaire :

          L’apparition d’hémorragies constitue un des symptômes caractéristiques des intoxications aux

          trichothécènes. Chez la souris gravide, l’administration orale de 3 mg de la toxine T-2/kg pc. provoque

          la mort de 17 % des animaux par hémorragie massive vaginale prenant son origine au niveau des

          points d’attache des enveloppes fœtales

          [align=center]Les trichothécènes du groupe B[/align]

          Effets sur la santé humaine (données épidémiologiques)

          La consommation de produits contaminés par les trichothécènes serait à l”origine de graves

          mycotoxicoses chez l’homme.

          La première manifestation pouvant être imputée aux trichothécènes survint en 1891 dans le comté

          d’Oussouri en Sibérie Orientale. Elle fut désignée sous le nom de maladie chancelante (Grevier-

          Rames, 1989).

          Les affections les plus connues, dans lesquelles les trichothécènes sont suspectées d”être

          incriminées, sont l’Aleucie Toxique Alimentaire (ATA) décrite en Russie et aussi la “Moldy Corn

          Toxicosis” en Amérique du Nord, la “Red Mold Disease” ou “Akakabi byo disease” au Japon, toutes

          provoquant les mêmes symptômes.

          L’ATA est rapportée depuis la fin du 19ème siècle en Russie. Mais, c’est dans les années 1940 que

          les cas d’intoxication les plus graves ont été signalés. Cette intoxication a provoqué le décès de 10 %

          de la population du comté d’Orenburg en Russie. L”ATA se caractérise par des diarrhées, des

          vomissements et des modifications hématologiques et par l’apparition de pétéchie au cours des deux

          premiers stades. Lors du troisième stade, l”atteinte du système hématopoïétique s”intensifie et le

          nombre de cellules circulantes diminue. Le nombre de thrombocytes tombe sous les 5 000/mm3 alors

          que le nombre de leucocytes chute sous les 100/ mm3 et le nombre d’érythrocytes devient inférieur à

          1×106/ mm3 La population touchée avait consommé du pain préparé à partir de grains de blé

          contaminés par des Fusarium. Le blé n”ayant pas été moissonné en raison de la guerre, la population

          utilisait des grains de blé récoltés sous la neige en hiver. A partir de souches de Fusarium poae et

          sporotrichioïdes) impliquées dans les épidémies d’ATA en Union Soviétique, de nombreux auteurs ont

          montré la capacité de ces moisissures à produire des trichothécènes, notamment T-2 (Sato et al.,

          1975 ; Szathmary et al., 1976). Le mécanisme impliqué dans la survenue des troubles

          hématologiques due à une forte cytotoxicité sur les progéniteurs hématopoïétiques a été mis en

          évidence 20 ans après.

          Effets sur la santé animale

          Toutes les études réalisées sur de jeunes animaux révèlent des réductions de la consommation

          d’aliment et de la vitesse de croissance mises en évidence pour des teneurs en T-2 inférieures à

          1 mg/kg d”aliment (Friend et al., 1992), significativement à partir de 3 mg de T-2/kg (Rafai et al.,

          1995a) et d’autant plus marquées que les concentrations sont plus élevées par rapport aux témoins

          (Rafai et Tuboly, 1982; Rafai et al., 1989, 1995a; Harvey et al., 1990, 1994). Les porcs refusent de

          consommer un régime renfermant 16 mg de T-2/kg (Mirocha, 1977; Weaver et al., 1978a). Leur

          vitesse de croissance est également réduite, les porcs perdant même du poids lorsque les aliments

          renferment 5 à 15 mg de T-2/kg (Rafai et al., 1995a). Comme pour le DON (voir plus loin), ces effets

          s”atténuent avec le temps alors que les animaux continuent à consommer l’aliment contaminé.

          Signes cliniques chez le porc : La toxicité aiguë de la T-2 administrée par voie intraveineuse se manifeste par des réactions de

          mastication, de salivation, suivies de vomissements, de polyphagie, de polydipsie, d’oligurie, puis

          d’apathie, de difficultés respiratoires et d’une coloration violacée des muqueuses buccales et du groin

          (Weaver et al., 1978a; Corley et al., 1983; Lorenzana et al., 1985b; Beasley et al., 1986; Pang et al.,

          1986). Le porc défèque fréquemment. Entre 1 et 6 h, après la contamination, l’apparition d’une

          parésie postérieure, d’une démarche titubante entraînant des chutes fréquentes est suivie d’une

          léthargie extrême et de la mort qui intervient 19 h après l”injection. Chez les porcs qui ne meurent pas,

          les symptômes régressent à partir de 5 à 12 h suivant l’injection, et les animaux retrouvent un état

          normal après 24 h.

          Animaux de compagnie et de loisirs

          Les animaux de compagnie et de loisirs ne diffèrent pas fondamentalement des animaux domestiques

          d’élevage en matière d’exposition et d’effets des mycotoxines, mais ils présentent une différence

          notoire en rapport avec la durabilité de l’action toxique inhérente à leur longue espérance de vie. Pour

          ces espèces, il s’avère donc particulièrement pertinent de déterminer non seulement l’impact de

          consommation de faibles doses de TCT sur de très longues périodes avec ses répercussions sur la

          fonction sanguine, l’intégrité des épithéliums, la fonction hépatique, la fonction de reproduction ou la

          baisse d’immunité, mais aussi le risque ponctuel lié à des contaminations massives associés à un

          tableau clinique plus évident

          Les carnivores domestiques

          De fréquentes remontées du terrain laissent à penser que les carnivores domestiques (canidés

          notamment) seraient susceptibles de manifester un refus alimentaire lors de la consommation

          d’aliments secs contenant des céréales avariées (blé notamment). En 1995, un fabricant d’aliment

          nord américain a d’ailleurs rappelé 16 000 tonnes d’aliments secs à la suite d’une contamination de

          ses croquettes par le DON . Une telle mésaventure s’explique d’autant mieux que le DON résiste à la

          stérilisation, à l’autoclavage, mais aussi à la cuisson-extrusion lors de la fabrication des aliments secs

          pour chiens ou pour chats (Hughes et al., 1999 ; Wolf-Hall et al., 1999). Aucune donnée de terrain

          n’est disponible pour les autres TCT (toxines T-2 et HT-2 notamment).

          DON et refus alimentaire chez les carnivores domestiques

          Hughes et al. ont conduit une série d’essais sur chiens et chats en utilisant du blé naturellement

          contaminé en DON (37 mg/kg). Les aliments secs produit selon un procédé d’extrusion classique ont

          été formulés pour contenir in fine 0, 1, 2, 4, 6, 8 et 10 mg de DON par kg d’aliment.

          Dans un essai conduit durant 14 jours sur des chiens, les animaux recevant les aliments dosés à 0, 1,

          2 ou 4 mg/kg de DON ont consommé leur ration quasi-normalement et n’ont présenté aucun trouble

          digestif (vomissement notamment). Les 14 chiens recevant l’aliment contenant 6 mg/kg de DON ont

          progressivement réduit leur consommation d’aliment, en relation linéaire avec le temps, et perdu

          régulièrement du poids, mais n’ont pas présenté de vomissements. Le niveau de consommation

          d’aliments est revenu à la normale après distribution d’un aliment sain. Les 2 chiens recevant l’aliment

          contenant 8 mg/kg de DON ont très rapidement présenté des vomissements, puis ont fortement réduit

          leur niveau de consommation (jusqu’à 21% du niveau de référence), ont présenté une chute

          significative de poids et furent retirés de l’essai au 8ème jour. Les 13 chiens recevant l’aliment le plus

          fortement contaminé (10 mg/kg de DON), ont majoritairement (en dépit de fortes variations

          individuelles) présenté des vomissements importants dès le premier jour, et comme les chiens

          précédents, ont très fortement réduit leur niveau de consommation (jusqu’à 15% seulement du niveau

          de référence pour certains), et ont perdu du poids. Pour les auteurs, le seuil de chute de la

          consommation alimentaire se situe chez le chien à 4,5 ± 1,7 mg de DON par kg d’aliment (soit 0,09

          mg/kg pc/j) et la dose sans effet avoisine 0,06 mg/kg pc/j.

          Par ailleurs, les auteurs ont également montré que les chiens initialement exposés à l’aliment

          contaminé, puis à un aliment sain, refusent ultérieurement de consommer à nouveau (en libre choix)

          l’aliment contenant du DON.

          Dans l’essai conduit sur les chats, les animaux recevant les aliments dosés à 0, 1, 2, 4, 6 ou 8 mg de

          DON /kg durant 14 jours ont consommé leur ration quasi-normalement, n’ont présenté aucun trouble

          digestif (vomissement notamment à l’exception d’un cas isolé), mais ont tous perdu du poids (5 à 10

          g/j). Les 8 chats recevant l’aliment renfermant 0 mg de DON /kg ont majoritairement, comme les

          chiens, (avec de fortes variations individuelles) présenté des vomissements importants dès le premier

          jour, ont fortement réduit leur niveau de consommation (46% seulement du niveau de référence en

          moyenne), et ont également fortement maigri (22 g/j). Pour les auteurs, le seuil de détérioration de la

          120

          consommation alimentaire se situe chez le chat à 7,7 ± 1,2 mg de DON par kg d’aliment (soit 0,135

          mg/kg pc/j) et la dose sans effet avoisine 0,110 mg/kg pc/j.

          En définitive, le DON, toxine fusarienne la plus fréquente, présente une toxicité similaire chez le chien,

          le chat et le porc, espèce considérée comme la plus sensible. Cependant, si dans les deux espèces

          carnivores, les vomissements surviennent pour un niveau de contamination de l’ordre de 8 à 10 mg

          de DON par kg d’aliment, la baisse de la consommation d’aliments peut survenir pour des valeurs plus

          basses en fonction des individus (3 mg chez le chien et 6 mg chez le chat). L’absence de

          neutralisation de cette mycotoxine lors du procédé habituel de fabrication des aliments pour

          carnivores domestiques et la consommation en continu d’un même aliment requièrent une grande

          vigilance des industriels vis-à-vis des approvisionnements en céréales et dérivés de céréales. Si, sur

          une courte période, le seuil de détérioration du niveau de consommation alimentaire se situe à 4,5 mg

          de DON par kg d’aliment chez le chien et à 7,7 mg de DON par kg d’aliment chez le chat, en

          consommation chronique, un seuil critique de 1 mg/kg de DON semble devoir ne pas être dépassé

          dans les conditions pratiques d’alimentation des carnivores.

          Toxine T-2 chez le chat

          La toxine T-2, la plus toxique des TCT, n’a jamais été impliquée dans des accidents de carnivores

          domestiques. Seules les données d’un essai toxicologique (Lutsky et Mor, 1981) conduit sur des chats

          pour tenter de reproduire les manifestations bien connues de l’aleucie alimentaire toxique de

          l’Homme, a été concluant avec mise en évidence du même tableau symptomatologique (aplasie

          médullaire, pancytopénie, troubles de l’hémostase, etc.) après l’administration per os de 0,08 mg/kg

          pc tous les 2 jours. Les 10 chats du test sont tous morts dans un délai maximal de 32 jours (temps

          moyen de survie de 21 jours). La sensibilité particulière des félidés vis-à-vis de la toxine T-2 ne serait

          qu’une preuve de plus de l’incapacité de cette espèce à recourir à la glucuronoconjugaison, voie

          habituelle de métabolisation de cette toxine.

          Réglementation

          Pour l’alimentation humaine, dans le cadre du règlement 1126/2007/CE modifiant le règlement

          1881/2006/CE (abrogeant lui même le règlement 466/2001/CE et ses modifications) portant fixation

          de teneurs maximales pour certains contaminants dans les denrées alimentaires, des teneurs

          maximales ont été fixées pour le DON (tableau 7a). Aucune teneur n”a été fixée pour NIV, T-2 et HT-2

          dans les denrées alimentaires. La fixation de ces teneurs maximales a été reportée pour permettre de

          collecter davantage de données sur la présence de ces toxines dans les produits végétaux.

          Pour l’alimentation animale, aucune teneur maximale en trichothécènes n”est fixée dans les matières

          premières et les aliments pour animaux. Cependant, la Commission recommande8 d”appliquer des

          teneurs maximales en DON dans les matières premières et aliments destinés à l”alimentation animale

          Bémol
          Senior Moderator

            [align=center]L’ochratoxine A[/align]

            Introduction

            Les ochratoxines sont des métabolites de moisissures appartenant aux genres Aspergillus ou

            Penicillium. Leur présence est liée au climat, particulièrement lors de la récolte, et aux conditions de

            stockage après récolte. Parmi les 9 ochratoxines décrites, seules l”ochratoxine A et très RattleetRewardment

            l”ochratoxine B ont été retrouvées sur des produits végétaux. Compte tenu de la prévalence et de la

            toxicité de l’ochratoxine A (OTA), seule cette dernière sera traitée.

            Les denrées alimentaires à haut risque de

            contamination par l”ochratoxine sont les céréales (maïs, orge, blé, sorgho, avoine et riz). D”autres

            denrées peuvent être contaminées comme les graines de cacao, le vin, le jus de raisin, la bière, des

            épices et la viande de porc. Les aliments pour animaux peuvent aussi être contaminés par

            l”ochratoxine A, les abats (sang, rognons) d’animaux ayant consommé de tels aliments peuvent alors

            présenter des résidus d’OTA.

            L”ochratoxine A est connue pour sa néphrotoxicité. Elle serait l’un des facteurs potentiels à l’origine de

            troubles rénaux chez l’homme connus sous le nom de Néphropathie Endémique des Balkans (NE:cool:.

            Elle s’avère également immunotoxique, tératogène et neurotoxique. Son pouvoir cancérogène est

            établi chez l”animal, mais les preuves sont encore insuffisantes chez l”homme.

            En Europe, la présence d”OTA dans les céréales est due à la croissance de P. verrucosum en

            condition humide lors du stockage. Les solutions pour éviter la présence d’OTA dans le grain passent

            par le contrôle du niveau d’humidité lors du remplissage du silo et au cours du stockage.

            Devenir et Propriétés toxicologiques de l”ochratoxine A

            Absorption

            L’OTA est d”abord absorbée dans l’estomac en raison de ses propriétés acides (pKa = 7,1) mais

            l’absorption est aussi possible au niveau de l’œsophage. Le site majeur d’absorption de l’OTA est l’intestin grêle

            avec une absorption maximale au niveau du jéjunum proximal.

            Toxicité aiguë

            Chez le rat, 48h après l’administration orale d’une dose

            unique d’OTA (0,17 ou 22 mg/kg p.c.), des hémorragies multifocales dans de nombreux organes, des

            thrombi de fibrine dans la rate, dans le plexus choroïde du cerveau (Belmadini et al., 1999), le foie, le

            rein et le coeur sont constatés. Ces lésions suggèrent une coagulation intra-vasculaire disséminée qui

            serait due à l’activation des systèmes intrinsèques et extrinsèques de coagulation. Les autres

            modifications sont une nécrose hépatique et lymphoïde, une entérite avec une atrophie des villosités

            affectant plus sévèrement le jéjunum ainsi qu’une néphrite. Les lésions myocardiques sont à relier au

            choc et à l’ischémie

            Toxicité subaiguë et chronique

            Chez des rats exposés pendant 13 semaines à des doses orales de 21, 70 et 210 μg/kg à raison de 5 administrations par semaine, Rached et Al (2007) ont observé une prolifération des cellules du cortex

            rénal aux deux plus fortes doses. L’absence d’effet à la plus faible exposition a conduit ces auteurs à

            retenir une NOEL de 21 μg/kg/j chez le rat. Enfin, la prolifération cellulaire observée fournit des

            arguments en faveur d’un mécanisme épigénétique à seuil.

            De nombreuses études de toxicité subaiguës et chroniques ont été conduites chez le porc, la volaille

            ou les animaux de compagnie, leurs résultats sont rapportés dans les chapitres correspondants.

            Pouvoir cancérogène

            L”OTA est cancérogène chez le rongeur avec induction de tumeurs rénales, hépatiques, mammaires

            et testiculaires (Schwartz, 2002). Les lésions tumorales retrouvées au niveau rénal prédominent, ce

            qui est probablement une conséquence du fait que la cible primaire de l’OTA est l’épithélium des

            tubules proximaux au niveau du cortex interne et de la médulla externe.

            Chez l’homme, une corrélation positive entre l’exposition à l’OTA et la NEB ainsi qu’entre la

            distribution géographique de la NEB et l’incidence élevée des cancers de l”épithélium urothélial a été

            montrée (Nikolov et al, 1996). Les concentrations sériques d’OTA mesurées sont plus élevées chez

            les patients atteints de la Néphropathie Endémique des Balkans et/ou du cancer de l’épithélium urothélial que chez les sujets non

            malades. L’OTA est classée dans le groupe 2B par le CIRC (1993) comme étant un cancérogène

            possible chez l’homme

            Exposition humaine à l’ochratoxine A

            Effets sur la santé humaine

            Dans plusieurs localités situées sur les bords d”affluents du Danube, en Bulgarie, Roumanie, Bosnie,

            Serbie, et Croatie, une incidence inhabituelle d”insuffisance rénale chronique a été décrite depuis

            1956, concernant 10% à 30% de la population rurale des deux sexes. Cette néphropathie endémique,

            dite Néphropathie Endémique des Balkans (NE:cool:, réunit tous les critères d”une néphropathie tubulointerstitielle

            chronique. Les signes cliniques sont ceux d’une insuffisance rénale progressive précédée

            par une anémie très marquée (Godin et al., 1997 ; Tatu et al., 1998). Le tableau clinique comporte une

            protéinurie tubulaire, une acidose tubulaire, une hyperuricémie et une hyperuricosurie, une diminution

            du volume des reins avec souvent des images de nécrose papillaire (Godin et al., 1997). L”évolution

            insidieuse aboutit en 2 à 10 ans à l”insuffisance rénale terminale, sans hypertension artérielle.

            Animaux de compagnie et de loisirs

            Si les animaux de compagnie et de loisirs ne diffèrent pas fondamentalement des autres animaux

            domestiques quant aux circonstances et aux conséquences du risque lié aux mycotoxines, ils

            présentent cependant une différence notoire : celle de la durabilité de l’action toxique inhérente à leur

            très longue espérance de vie. Pour ces espèces, c’est tout autant l’impact de consommation de

            faibles doses sur de très longues périodes avec ses répercussions sur la fonction rénale, la baisse

            d’immunité ou la sensibilité accrue aux agents infectieux, que le risque ponctuel lié à des

            contaminations plus massives associées à un tableau clinique plus explicite, qu’il s’avère

            particulièrement pertinent de connaître.

            Différentes enquêtes épidémiologiques laissent à penser que les carnivores domestiques (chiens et

            chats) seraient exposés au risque toxicologique lié à la présence d’OTA dans les aliments.

            Scudamore et al. (1997) ont analysé 35 aliments secs pour chiens et 35 aliments secs pour chats

            disponibles sur le marché britannique afin de rechercher la présence d’OTA (seuil de détection 0,5

            μg/kg). L’OTA n’a été identifiée que dans deux aliments pour chiens (1,1 et 1,3 μg/kg) et dans deux

            aliment pour chats (1,2 et 2,3 μg/kg).

            Razzazi-Fazeli et al.(2001) ont analysé 26 aliments humides et 17 aliments secs pour chiens et

            chats : l’OTA a pu être identifiée dans 47% des prélèvements, majoritairement à faibles doses (de 0,1

            à 0,8 μg/kg), deux échantillons seulement présentant des valeurs élevées (3,2 et 13,1 μg/kg). Par

            ailleurs, 26 prélèvements de tissu rénal de chats ont été analysés. Seize d’entre eux présentaient des

            teneurs en OTA comprises entre 0,35 et 1,5 μg/kg, mais sans que ces valeurs puissent être reliées à

            quelque signe pathologique que ce soit. Dans le prolongement de cette première étude, Pühringer

            (cité par Böhm et Razzazi-Fazeli, 2005) a analysé 101 prélèvements de tissu rénal de chats

            présentant ou non des signes cliniques rénaux. Trente-neuf échantillons présentaient des teneurs en

            OTA comprises entre 0,11 et 0,30 μg/kg, et 16 entre 0,31 et 5,18 μg/kg, mais sans que ces valeurs

            puissent être reliées à une quelconque pathologie rénale. Parallèlement, cet auteur a analysé 55

            aliments pour chats (45 humides et 10 secs). Quatorze (7 aliments humides et 7 aliments secs)

            présentaient des teneurs comprises entre 0,11 et 2,17 μg/kg (seuil de détection 0,10 μg/kg). Il serait

            intéressant de connaître l’effet à long terme sur les carnivores domestiques des niveaux de

            contamination les plus élevés.

            Deux études expérimentales majeures ont été conduites afin de mesurer l’impact d’un apport continu

            per os d’OTA sur l’organisme de jeunes chiots (Szczech et al., 1973a, 1973b et 1974 ; Kitchen et al.,

            1977a, 1977b, 1977c). Dans la première étude portant sur 23 chiots âgés de 8 à 9 semaines et

            répartis en lots de 3 animaux, la dose quotidienne de 0,2 à 0,4 mg/kg p.v. conduit à un tableau

            clinique dominé par de l’anorexie, des vomissements, du ténesme, une élévation de la température

            corporelle, un syndrome polyurie-polydipsie, puis une déshydratation, de la prostration avec une

            évolution mortelle en moins de 2 semaines (Szczech et al., 1973a). Des apports supérieurs (3 mg/kg

            p.v.) se sont révélés systématiquement et rapidement mortels avec un tableau clinique similaire

            évoluant en moins de 4 jours. A l’évidence, les jeunes chiots s’avèrent être une catégorie animale

            particulièrement sensible à l’OTA. En revanche, la dose de 0,1 mg/kg p.v. a été bien supportée par

            l’ensemble des animaux. A l’instar des autres espèces, chez le chiot, l’action toxique de l’OTA

            s’exerce sur l’épithélium tubulaire rénal comme le montrait dans cet essai, la détérioration des

            paramètres urinaires (faible densité urinaire, protéinurie et glucosurie) sans altération des paramètres

            plasmatiques. L’examen anatomo-pathologique a montré la présence d’une entérite hémorragique

            (colon, cæcum et rectum), d’une hypertrophie des noeuds lymphatiques qui étaient oedémateux,

            hyperémiques et localement nécrotiques ainsi que d’une nécrose et d’une desquamation de

            l’épithélium du tube contourné proximal (Szczech et al., 1973b) associée à une altération profonde

            des membranes basales et du reticulum endoplasmique des cellules de l’épithélium tubulaire

            (Szczech et al., 1974).

            Dans la seconde étude, réalisée ultérieurement par la même équipe de l’université Purdue (West

            Lafayette, Indiana), l’action toxique de l’OTA per os a été testée séparément ou conjointement à

            l’administration parentérale de citrinine aux doses respectives de 0,1 ou 0,2 mg/kg pc d’OTA et 5 ou

            10 mg/kg pc de citrinine sur des chiots âgés de 10 semaines. Le même tableau clinique que

            précédemment n’a été retrouvé que pour les chiots recevant l’association d’OTA per os et de citrinine

            en injection intrapéritonéale. Les associations OTA (0,1 mg/kg p.v.) – citrinine (5 mg/kg p.v.) et OTA

            (0,2 mg/kg p.v.) – citrinine (10 mg/kg p.v.) ont entrainé la mort de 4 à 6 chiots en moins de 2

            semaines, alors qu’en l’absence de citrinine, aucun signe notable d’intoxication n’avait été observé.

            Avec l’association les 6 chiots moururent en 4 ou 15 jours, alors qu’en l’absence de citrinine, aucun

            signe d’intoxication notable n’avait été observé. La présence de citrinine potentialise l’effet toxique de

            l’OTA et conduit à une plus grande sévérité des troubles ainsi qu’à une mortalité plus rapide des

            chiots, ce qui reflète une véritable synergie toxicologique des deux mycotoxines (Kitchen et al.,

            1977a). L’examen anatomo-pathologique a confirmé les effets délétères de l’OTA : présence

            d’ulcérations digestives, nécrose des tissus lymphoïdes ainsi que nécrose et desquamation de

            l’épithélium du tube contourné proximal (Kitchen et al., 1977b) associées à une altération profonde

            des cellules de l’épithélium tubulaire (Kitchen et al., 1977c). Le tableau nécropsique a également été

            amplifié par la présence de citrinine.

            A la vue de la grande sensibilité de l’espèce canine à l’OTA, il n’est donc plus possible d’écarter

            l’éventuelle responsabilité d’une contamination même faible des aliments utilisés par les chiots en

            croissance dans la survenue de troubles de la fonction rénale, surtout lors de contamination fongique

            multiple. Dans la mesure où la dose de 0,1 mg/kg pc semble bien supportée (ce qui équivaut à

            environ 1 mg/kg d’aliment) et en prenant une marge de sécurité de 10, il est possible de fixer à 0,1

            mg/kg d’aliment la limite maximale tolérable pour les carnivores domestiques.

            Bémol
            Senior Moderator

              [align=center]Les aflatoxines[/align]

              les aflatoxines, et par extension des mycotoxines, peuvent atteindre l”alimentation de l”homme non seulement par voie

              directe “végétal – homme” ou pseudo-directe “végétal – produits végétaux transformés – homme”, mais

              aussi en empruntant un cheminement complexe le long des chaînes alimentaires : végétal –

              alimentation animale – produits animaux et dérivés – homme. L’aflatoxine est reconnue comme étant

              l’un des plus puissants cancérogènes d’origine naturelle.

              Les aflatoxines sont absorbées au niveau du duodénum (Kumagai, 1989). Chez les animaux

              monogastriques, l’absorption pourrait représenter près de 90% de la dose administrée (Gregory et al.,

              18

              1983). Après absorption, les aflatoxines sont véhiculées dans l’organisme après fixation sur les

              protéines plasmatiques. C’est le cas de l’AFB1 liée à l’albumine. La présence de cet adduit dans le

              sérum peut servir de bio-indicateur d”exposition (Chapot et Wild, 1991).

              Les aluminosilicates (Phillips et al., 1988) peuvent interagir avec l’aflatoxine en formant des

              complexes qui ne sont pas absorbés dans le tube digestif des animaux. De nombreuses publications

              montrent que ces produits et leurs apparentés peuvent atténuer les effets toxiques des aflatoxines

              chez le bétail (Guerre, 2000), ce qui explique l’intérêt des composés adsorbants en alimentation

              animale. Les propriétés adsorbantes des charbons activés ont également été observées, mais en

              raison de la coloration noire qu’ils donnent aux aliments, ces composés sont essentiellement utilisés à

              titre curatif (Galvano et al., 1996a). Enfin, les parois de bactéries lactiques en particulier de propionibactéries

              (Gratz et al., 2005) ainsi que les parois de la levure Saccharomyces cerevisiae possèdent

              un effet adsorbant in vitro et ex vivo (Yiannikouris et al.,2006) s’accompagnant d’une diminution de la

              toxicité des aflatoxines in vivo (Stanley et al., 1993, Raju et Devegowda, 2000). Il convient toutefois de

              signaler que l’utilisation de ligands en vue de détoxifier des aliments contaminés par des mycotoxines

              n’est pas prévue en 2007 par la réglementation Européenne (Règlement CE 1831/2003).

              Les aflatoxines, en particulier l’AFB1 qui a été la plus étudiée, subissent un métabolisme hépatique

              rapide se déroulant en deux phases (Eaton et Gallagher, 1994) (voir Figure 2):

              – Une phase I de biotransformation qui met en jeu les enzymes mono-oxygénases à

              cytochromes P450 (CYP). Les CYP2a5 et CYP3a interviennent chez la souris, alors que les

              CYP1A2 et 3A4 sont plutôt impliqués chez les primates sub-humains. La voie dominante de

              l’activation in vivo de l’AFB1 dans le foie humain se ferait par le CYP1A2 au travers des

              réactions d’oxydation formant par hydroxylation l’AFM1 et par époxydation l’AFB1 8,9-

              époxyde. Le CYP3A4 dont l’action serait moins prépondérante, se trouve impliqué dans la

              formation par hydroxylation de la 3α-hydroxy-AFB1 (AFQ1) et plus modestement dans la

              synthèse de l’AFB1 8,9-époxyde. Dans cette phase deux autres métabolisations

              enzymatiques de l’AFB1 interviennent : une O-déméthylation pour former l’AFP1 et une

              réduction de la fonction cétone en C1 (via une NADPH réductase) pour former l’aflatoxicol

              (AFOL). Les métabolites AFM1, AFP1 et AFQ1 sont éliminés dans les urines des mammifères

              exposés à l’AFB1. Seule l’AFM1 est éliminée dans le lait. La présence de ces métabolites

              dans les urines et de l’AFM1 dans le lait et dans le sérum, peut servir de bio-indicateur

              d”exposition (voir § 5.3).

              – Une phase II du métabolisme concerne le devenir de l’AFB1 8,9-époxyde. Elle comprend la

              conjugaison de l’AFB1 8,9-époxyde au glutathion par des glutathion S-transférases (GST).

              Une conjugaison à l’acide glucuronique des métabolites hydroxylés aboutit à la formation de

              glucurono-conjugués. Elle comporte aussi l’association de l’AFB1 8,9-époxyde aux acides

              nucléiques (ADN), engendrant la toxicité dont notamment la génotoxicité et la cancérogénicité

              (voir plus loin). Le site de formation d’adduits à l”ADN se situe en position N7 de la guanine

              (Cullen et Newberne, 1994). La présence d’adduits à l’ADN dans les urines, montrant

              l’initiation d’un processus de réparation du génome, consécutif à son altération, peut être

              aussi utilisée comme indicateur d’exposition(voir § 5.4). Cette alternative de devenir de l’AFB1

              8,9-époxyde entre glucurono-conjugaison et association à l’ADN, se traduit selon l’espèce

              animale et selon des situations particulières (déficit physiologique du foie, apport très imortant

              en toxines, polymorphisme des GST…) une variabilité de la sensibilité aux aflatoxines.

              Pouvoir cancérogène

              L’organe cible est le foie. Lors des études initiales entreprises chez l’animal exposé sur une longue

              période, la dose d’AFB1 engendrant des tumeurs du foie varie selon les espèces : de 10 à 30 μg/kg

              d’aliment pour les poissons et les oiseaux, ou de 15 à 150 000 μg/kg d’aliment pour les mammifères

              (Wogan, 1992), pouvant s’expliquer par des différences dans l’équipement enzymatique du foie

              Immunotoxicité

              Les aflatoxines affectent la réponse inflammatoire. Elles inhibent plusieurs fonctions

              des macrophages telles que la phagocytose, la production de radicaux oxygénés et la sécrétion de

              cytokines, mais aussi le chimiotactisme des neutrophiles et l’activité des cellules « Natural Killers ».

              L”effet immunotoxique le plus marqué des aflatoxines s’observe sur l”immunité à médiation cellulaire. En effet, les aflatoxines entraînent une atrophie des organes lymphoïdes, une diminution de

              l”hypersensibilité retardée en réponse à des mitogènes, une altération de la prolifération lymphocytaire

              et une modification de la production de cytokines.

              Les effets immunosuppresseurs des aflatoxines conduisent, chez les animaux recevant une

              alimentation contaminée, à une augmentation de la sensibilité aux infections microbiennes

              (bactérienne, parasitaire et virale) et à une diminution de l’efficacité vaccinale.

              Des études épidémiologiques menées sur des populations humaines exposées de façon chronique à

              de fortes doses d’aflatoxines montrent que cette mycotoxine a des propriétés hépatocarcinogènes

              chez les adultes en particulier lorsqu’elle est associée à l”infection par le virus de l”hépatite B. Chez les

              enfants, une altération de la croissance et des anomalies immunitaires ont également été observées

              Effets sur la santé humaine

              Intoxication aiguëLes effets se manifestent par une hépatite aiguë, Les symptômes cliniques typiques mais non

              spécifiques incluent jaunisse, dépression, anorexie, et diarrhée. La mortalité a atteint 25% lors

              d’intoxications en Inde

              Intoxication chronique

              La plupart des études épidémiologiques tendent à montrer l’existence d’une corrélation entre une

              exposition chronique à l’aflatoxine via le régime alimentaire et une prévalence du cancer primitif du

              foie

              Effets sur la santé animale et transfert dans les produits animaux

              Les porcins

              Plusieurs cas d’aflatoxicose aiguë survenus en élevage ont été décrits. La mort des

              animaux est le plus souvent survenue en quelques heures après un épisode hémorragique sévère

              Les volaillesLa forme chronique de l’intoxication est la plus fréquente. Les manifestations cliniques

              observées sont dominées par une diminution des performances (diminution du GMQ, chute de ponte)

              associée à des hémorragies et des défauts de pigmentation des carcasses. Les lésions hépatiques

              sont les plus caractéristiques. Une hyperplasie nodulaire avec fibrose et prolifération des canalicules

              biliaires est observée chez le canard, la dinde, le poulet. Lors d’exposition prolongée pendant plusieurs semaines (souvent plus

              de 10), la fibrose hépatique s’accompagne de tumeurs et une toxicité embryonnaire peut apparaître.

              Ces troubles sont accompagnés de différentes altérations biochimiques et hématologiques. On note

              une diminution des concentrations sériques en protéines, cholestérol, triglycérides et une

              augmentation des concentrations en gammaglutamyl transférases, phosphatases alcalines, sorbitol

              déshydrogénases et transaminases. Enfin, une altération des défenses immunitaires est observée

              mais qui varie avec la dose d’exposition aux aflatoxines et le moment d’exposition à l’agent infectieux

              (pendant ou après l’exposition aux aflatoxines.)

              Bémol
              Senior Moderator

                Bonjour

                Les documents suivants sont ma synthèse du rapport AFSSA ‘Évaluation des risques liés à la présence de mycotoxines

                dans les chaînes alimentaires humaine et animale’ Mars 2009. Je trouve que c’est édifiant

                Pour les consommateurs humains, un autre type de risque est indirect car induit par la présence

                possible de résidus dans les productions issues des animaux de rente exposés à une alimentation

                contaminée par les mycotoxines. Ces résidus correspondent à la toxine elle-même et/ou à des

                métabolites bioformés conservant les propriétés toxiques du composé parental. Les espèces

                d’élevage peuvent donc constituer un vecteur de ces toxines ou de leurs métabolites dans des

                productions telles que les abats, le lait ou le sang. C’est le cas notamment de l’aflatoxine B1, dont le

                métabolite l’aflatoxine M1 est retrouvé dans le lait des mammifères lorsque ceux-ci ont ingéré des

                aliments contaminés par l’aflatoxine B1.

                Les mycotoxines sont généralement thermostables et ne sont pas détruites par les procédés habituels

                de cuisson et de stérilisation. Leur capacité à se lier aux protéines plasmatiques et leur lipophilie en

                font des toxiques capables de persister dans l’organisme en cas d’expositions répétées et

                rapprochées.

                [align=center]

                Evaluation du risque mycotoxique[/align]Issues d’une contamination généralement reconnue comme d’origine végétale, les mycotoxines

                constituent un problème très actuel de qualité et de sécurité sanitaire des aliments. Si la mise en

                place de réglementations est déjà intervenue à propos des aflatoxines et de l’ergot en alimentation

                humaine et animale, de l’ochratoxine A, de la patuline, du déoxynivalénol, de la zéaralènone et des

                fumonisines en alimentation humaine, elle est en préparation pour l’ochratoxine A, le déoxynivalénol,

                la zéaralènone et les fumonisines en alimentation animale.

                en réponse à : Rép :Fontaines à eau #203895
                Bémol
                Senior Moderator

                  merci pour les infos précieuses… je vous tiens au jus …

                  en réponse à : Rép :Conférence téléphonique du Mardi 20 Avril 2010 #203894
                  Bémol
                  Senior Moderator

                    Kitty, je peux peut – être vous appeler et vous feriez ainsi partie de la conférence ? (résultat non garanti)

                    Si ok, merci de me renvoyer, par MP ou mail votre phone aux states …

                    Bises

                    en réponse à : Rép :Fontaines à eau #203886
                    Bémol
                    Senior Moderator

                      Est -il possible de ne mettre aucun filtre du tout et de mettre de l’au filtrée BRITA ou de l’eau minérale ?

                      C’est quoi les filtres de tom & co ?

                      Merci Domi, après, je ne vous embête plus … Promis!

                      en réponse à : Rép :Fontaines à eau #203883
                      Bémol
                      Senior Moderator

                        Merci à Domi et Christian… Je vais abuser, mais comme mes prises électriques sont toutes en hauteur, pourriez – vous, SVP, me donner la longueur exacte du cordon d’alimentation électrique ?

                      10 sujets de 1,801 à 1,810 (sur un total de 2,337)