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[align=center]La Patuline[/align]
La patuline a été découverte dans les filtrats de culture d’Aspergillus clavatus par Waksmann et al. (1942). Identifiée pour ses propriétés antibiotiques, cette toxine suscite l’intérêt en raison de son caractère contaminant de certains fruits et notamment de la pomme et ses produits dérivés. Déautres substrats naturels permettent la toxinogenèse, il s’agit des céréales (blé, riz) des pulpes de betterave ou de la paille.
Moisissures toxinogènes et contamination naturelle
La patuline est connue sous une grande diversité de noms (expansine, clavacine, claviformine,
clavatine, mycoin C3, pénicidine). La patuline a été extraite de culture de P. patulum (aussi nommé P.
griseofulvum, P. urticae, P. expansum, P. glandicola (aussi nommé P. granulatum), P. vulpinum (aussi
nommé P. claviforme), P. paneum, P. carneum, Aspergillus clavatus, A. giganteus, A. terreus,
Byssochlamys nivea et de B. fulva. Un rapport de Pittet (1998) recense le grand nombre de substrats
susceptibles de transmettre la patuline dans l’alimentation humaine et animale.
Fruits
Parmi les espèces fongiques toxinogènes, Penicillium expansum, contaminant commun des
pomaceae (pommes, poires) et particulièrement de la pomme, est certainement l”espèce la plus
importante du point de vue économique et sanitaire. En effet, ce champignon saprophyte de la
pomme est responsable en majeure partie de la contamination des jus de fruits, compotes et autres
produits de la transformation des pommes. La production de patuline est favorisée par la blessure des
fruits (choc, attaque d’insectes,…). Les productions maximales ont été obtenues, sur la pomme, 13 à
14 jours après inoculation par le P. expansum. Bien que la filière “pomme” constitue la source
principale de contamination du régime alimentaire de l”homme, bien d”autres denrées alimentaires
peuvent être contaminées par la patuline. Outre les pomaceae, P. expansum est un saprophyte de
bien d”autres cultures maraîchères et arboricoles. La patuline a été détectée dans des bananes,
pêches, abricots, raisins, jus de raisin et vin, mais en général le taux de patuline demeure bien plus
faible comparé à celui observé dans les produits issus de la filière “pomme”.
Toxicité aiguë
Chez tous les animaux, les signes toxiques correspondent à
une neurotoxicité (agitation, convulsions) associée à une congestion pulmonaire avec ulcération et
inflammation intestinales
Toxicité subaiguë
Essentiellement étudiée chez le rat, l’administration orale à court terme de patuline conduit à une
perte pondérale, des altérations gastriques et intestinales avec perturbation de la fonction rénale. Une
répétition de dose conduit à des signes de neurotoxicité (tremblements, convulsions) et à une
inhibition caractérisée d’enzymes (ATPase) dans l’intestin et le cerveau avec des conséquences
notamment en terme de métabolisme des lipides (Devaraj et Devaraj, 1987).
La patuline est reconnue pour provoquer des désordres gastrointestinaux
avec ulcérations, distension et hémorragies, voire des perturbations de la fonction rénale,
à plus forte dose
Immunotoxicité
De nombreuses études in vitro démontrent que la patuline inhibe de multiples fonctions des
Macrophages
Effets sur la santé animale
Accidents rapportés chez les ruminants
Des accidents à symptomatologie
nerveuse ont été observés chez des ruminants qui recevaient des aliments contaminés et attribués à
la présence de patuline (Moreau et Moreau, 1960), notamment la mort de vaches recevant de l’orge
maltée ou de l’ensilage (Ciegler, 1977)
Conclusion et recommandations
La patuline est une mycotoxine susceptible d’être retrouvée à l’état de contaminant naturel d’un grand
nombre d’aliments d’origine végétale notamment issus des fruits et particulièrement la pomme. A ce
titre, la patuline fait l’objet d’une réglementation drastique pour tous les aliments de cette filière et
spécifiqueent pour les jus et compotes de pomme destinés aux enfants et aux personnes âgées.
Néanmoins, de grandes incertitudes existent quant au devenir de cette mycotoxine dont le suivi
analytique est difficile dans les matrices biologiques. En effet, la liaison avec les groupements thiols
des peptides et des protéines interdit toute détection ultérieure de la toxine, de métabolites ou de ses
composés d’addition.
Les études entreprises concernant la toxicité chronique de la patuline, peu nombreuses et
relativement anciennes, ont surtout démontré, à doses moyennes, des désordres intestinaux et des
perturbations de la fonction rénale. Les symptômes nerveux suspectés d’être associés lors
d’accidents d’élevage ne sont pas rapportés dans les études expérimentales. Ces mêmes études ne
n’ont jamais révélé un pouvoir cancérogène in vivo chez l’animal. C’est la raison pour laquelle cette
toxine a été classée par le CIRC (1986) dans le groupe 3 des produits pour lesquels il est impossible
de se prononcer quant à la cancérogénicité pour l’homme.
Néanmoins, une étude récente de toxicité subaiguë entreprise chez le rat exposé à la patuline durant
90 jours, rapporte des perturbations des hormones stéroïdes circulantes corrélées à des atteintes
testiculaire et thyroïdienne. Cette information mériterait confirmation en raison du souci actuel des
toxicologues à statuer sur le caractère perturbateur endocrinien de tout constituant ou contaminant
alimentaire.
L”exposition alimentaire de l”homme reste très inférieure pour les enfants comme pour les populations
végétariennes à la dose journalière maximale tolérable provisoire fixée en 1995 par le JECFA à 0,4
μg/kg p.c./j. La réglementation en vigueur pour la présence de patuline dans les aliments dérivés de la
pomme peut apparaître comme particulièrement protectrice au regard des niveaux d’exposition
observés. Néanmoins les plans de contrôle de la réglementation sont à maintenir.
L”exposition alimentaire des animaux d”élevage est envisageable chez les ruminants par la
consommation des ensilages ou des écarts de tri de pommes. Toutefois, le danger réel chez l”animal
demeure mal évalué, compte tenu de la méconnaissance de la toxicité et du devenir de cette toxine. Il
serait souhaitable de mettre en place un plan de surveillance sur les aliments conservés par voie
acide (ensilages de fourrages ou de grains, fourrages enrubannés).