Rép :Synthèse du rapport de l”Agence française de sécurité sanitaire des aliments

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#203899
Bémol
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    [align=center]Les trichothécènes[/align]

    Les moisissures productrices de trichothécènes sont du genre fusarium et contaminent principalement les céréales (blé, maïs, orge, sarrasin, millet, avoine, riz)

    [align=center]Les trichothécènes du groupe A[/align]Toxicité aiguë

    Les principaux effets relevés dans les études expérimentales de toxicité aiguë apparaissent pour des

    doses de toxine T-2 comprises entre 0,06 et 10 mg/kg pc suivant les espèces animales et comportent

    des symptômes non-spécifiques comme la perte de poids, l”inappétence, des dermatites, des

    vomissements, des diarrhées, des hémorragies ainsi que des lésions nécrotiques de l”épithélium

    stomacal et intestinal, de la moelle osseuse, de la rate, des testicules et des ovaires.

    Toxicité chronique et Cancérogenicité

    Des souris exposées par voie orale pendant 12 mois à 1,5 et 2,25 mg de toxine T-2/kg pc/j ont

    présenté des lésions réversibles de l”oesophage (hypoplasie, hyperkératose) apparaissant dès la

    13ème semaine. Chez le rat, les mêmes lésions sont observées au delà de 0,5 mg/kg pc

    Des rats albinos exposés pendant 8 mois à 10 mg/kg d”aliment n”ont présenté aucune lésion dans les

    organes observés.

    Chez la souris, l’administration de 0,23 à 0,45 mg/kg pc/j de toxine T-2 pendant 16 mois induit une

    augmentation de l”incidence d”adénomes pulmonaires de l”ordre de 10 % à la plus faible dose et de 15

    % à la plus forte dose, ainsi que des adénomes hépatocellulaire chez les mâles à la plus forte dose et

    une augmentation dose dépendante des d”hyperplasie de l”épithélium de l”estomac antérieur dans les

    2 sexes aux deux doses testées. Aucune modification des paramètres hématologiques et

    immunologiques n’a été rapportée dans cette étude.

    Reprotoxicité

    Les trichothécènes provoquent la mort foetale à partir de 3 mg T-2/kg p.c. administrés po ainsi que

    des malformations foetales lorsque les souris sont soumises à 1 mg T-2/kg pc

    Hématotoxicité

    Lignée des globules blancs

    Des diminutions du nombre de globules blancs (leucopénie) apparaissent après exposition aux

    trichothécènes chez le chat, la souris, le cochon d’inde, le rat, le lapin, le mouton et le porc. Les intoxications aux trichothécènes se traduisent de différentes manières

    si on considère la lignée des globules blancs. Dans les premières 24 heures après administration

    d’une dose unique, une leucocytose (augmentation du nombre de globules blancs) est observée

    suivie d’un retour à la normale pour une dose moyenne ou d’une leucopénie pour une dose plus forte

    (Ueno et al., 1985). Lors d’administrations répétées, une leucopénie est observée (Otokawa et al.,

    1983 ; Ueno et al., 1983 ; Ryu et al., 1988 ; Suphiphat et al., 1989).

    Lignée des globules rouges

    La lignée des globules rouges (érythrocytes) est également atteinte lors d’intoxications par les

    trichothécènes. In vivo, des anémies, une diminution de la concentration en hémoglobine et une chute de

    l’hématocrite ont été décrites chez le rat, le chat, la souris, le poulet et le cochons d’inde

    Chez le chat, l’administration orale chronique de 0.08 mg/kg pc de toxine T-2 induit une anémie avec

    une chute de l’hématocrite de 30 %, du taux d’hémoglobine (Lutsky et al., 1981) et la présence

    d’érythrocytes nucléés dans le sang signant la régénération médullaire avec libération d’éléments

    immatures (Conner et al., 1986). Ce dernier phénomène est également observé chez le porc après

    administration de toxine T-2 et la souris après administration

    Lignée plaquettaire :

    L’apparition d’hémorragies constitue un des symptômes caractéristiques des intoxications aux

    trichothécènes. Chez la souris gravide, l’administration orale de 3 mg de la toxine T-2/kg pc. provoque

    la mort de 17 % des animaux par hémorragie massive vaginale prenant son origine au niveau des

    points d’attache des enveloppes fœtales

    [align=center]Les trichothécènes du groupe B[/align]

    Effets sur la santé humaine (données épidémiologiques)

    La consommation de produits contaminés par les trichothécènes serait à l”origine de graves

    mycotoxicoses chez l’homme.

    La première manifestation pouvant être imputée aux trichothécènes survint en 1891 dans le comté

    d’Oussouri en Sibérie Orientale. Elle fut désignée sous le nom de maladie chancelante (Grevier-

    Rames, 1989).

    Les affections les plus connues, dans lesquelles les trichothécènes sont suspectées d”être

    incriminées, sont l’Aleucie Toxique Alimentaire (ATA) décrite en Russie et aussi la “Moldy Corn

    Toxicosis” en Amérique du Nord, la “Red Mold Disease” ou “Akakabi byo disease” au Japon, toutes

    provoquant les mêmes symptômes.

    L’ATA est rapportée depuis la fin du 19ème siècle en Russie. Mais, c’est dans les années 1940 que

    les cas d’intoxication les plus graves ont été signalés. Cette intoxication a provoqué le décès de 10 %

    de la population du comté d’Orenburg en Russie. L”ATA se caractérise par des diarrhées, des

    vomissements et des modifications hématologiques et par l’apparition de pétéchie au cours des deux

    premiers stades. Lors du troisième stade, l”atteinte du système hématopoïétique s”intensifie et le

    nombre de cellules circulantes diminue. Le nombre de thrombocytes tombe sous les 5 000/mm3 alors

    que le nombre de leucocytes chute sous les 100/ mm3 et le nombre d’érythrocytes devient inférieur à

    1×106/ mm3 La population touchée avait consommé du pain préparé à partir de grains de blé

    contaminés par des Fusarium. Le blé n”ayant pas été moissonné en raison de la guerre, la population

    utilisait des grains de blé récoltés sous la neige en hiver. A partir de souches de Fusarium poae et

    sporotrichioïdes) impliquées dans les épidémies d’ATA en Union Soviétique, de nombreux auteurs ont

    montré la capacité de ces moisissures à produire des trichothécènes, notamment T-2 (Sato et al.,

    1975 ; Szathmary et al., 1976). Le mécanisme impliqué dans la survenue des troubles

    hématologiques due à une forte cytotoxicité sur les progéniteurs hématopoïétiques a été mis en

    évidence 20 ans après.

    Effets sur la santé animale

    Toutes les études réalisées sur de jeunes animaux révèlent des réductions de la consommation

    d’aliment et de la vitesse de croissance mises en évidence pour des teneurs en T-2 inférieures à

    1 mg/kg d”aliment (Friend et al., 1992), significativement à partir de 3 mg de T-2/kg (Rafai et al.,

    1995a) et d’autant plus marquées que les concentrations sont plus élevées par rapport aux témoins

    (Rafai et Tuboly, 1982; Rafai et al., 1989, 1995a; Harvey et al., 1990, 1994). Les porcs refusent de

    consommer un régime renfermant 16 mg de T-2/kg (Mirocha, 1977; Weaver et al., 1978a). Leur

    vitesse de croissance est également réduite, les porcs perdant même du poids lorsque les aliments

    renferment 5 à 15 mg de T-2/kg (Rafai et al., 1995a). Comme pour le DON (voir plus loin), ces effets

    s”atténuent avec le temps alors que les animaux continuent à consommer l’aliment contaminé.

    Signes cliniques chez le porc : La toxicité aiguë de la T-2 administrée par voie intraveineuse se manifeste par des réactions de

    mastication, de salivation, suivies de vomissements, de polyphagie, de polydipsie, d’oligurie, puis

    d’apathie, de difficultés respiratoires et d’une coloration violacée des muqueuses buccales et du groin

    (Weaver et al., 1978a; Corley et al., 1983; Lorenzana et al., 1985b; Beasley et al., 1986; Pang et al.,

    1986). Le porc défèque fréquemment. Entre 1 et 6 h, après la contamination, l’apparition d’une

    parésie postérieure, d’une démarche titubante entraînant des chutes fréquentes est suivie d’une

    léthargie extrême et de la mort qui intervient 19 h après l”injection. Chez les porcs qui ne meurent pas,

    les symptômes régressent à partir de 5 à 12 h suivant l’injection, et les animaux retrouvent un état

    normal après 24 h.

    Animaux de compagnie et de loisirs

    Les animaux de compagnie et de loisirs ne diffèrent pas fondamentalement des animaux domestiques

    d’élevage en matière d’exposition et d’effets des mycotoxines, mais ils présentent une différence

    notoire en rapport avec la durabilité de l’action toxique inhérente à leur longue espérance de vie. Pour

    ces espèces, il s’avère donc particulièrement pertinent de déterminer non seulement l’impact de

    consommation de faibles doses de TCT sur de très longues périodes avec ses répercussions sur la

    fonction sanguine, l’intégrité des épithéliums, la fonction hépatique, la fonction de reproduction ou la

    baisse d’immunité, mais aussi le risque ponctuel lié à des contaminations massives associés à un

    tableau clinique plus évident

    Les carnivores domestiques

    De fréquentes remontées du terrain laissent à penser que les carnivores domestiques (canidés

    notamment) seraient susceptibles de manifester un refus alimentaire lors de la consommation

    d’aliments secs contenant des céréales avariées (blé notamment). En 1995, un fabricant d’aliment

    nord américain a d’ailleurs rappelé 16 000 tonnes d’aliments secs à la suite d’une contamination de

    ses croquettes par le DON . Une telle mésaventure s’explique d’autant mieux que le DON résiste à la

    stérilisation, à l’autoclavage, mais aussi à la cuisson-extrusion lors de la fabrication des aliments secs

    pour chiens ou pour chats (Hughes et al., 1999 ; Wolf-Hall et al., 1999). Aucune donnée de terrain

    n’est disponible pour les autres TCT (toxines T-2 et HT-2 notamment).

    DON et refus alimentaire chez les carnivores domestiques

    Hughes et al. ont conduit une série d’essais sur chiens et chats en utilisant du blé naturellement

    contaminé en DON (37 mg/kg). Les aliments secs produit selon un procédé d’extrusion classique ont

    été formulés pour contenir in fine 0, 1, 2, 4, 6, 8 et 10 mg de DON par kg d’aliment.

    Dans un essai conduit durant 14 jours sur des chiens, les animaux recevant les aliments dosés à 0, 1,

    2 ou 4 mg/kg de DON ont consommé leur ration quasi-normalement et n’ont présenté aucun trouble

    digestif (vomissement notamment). Les 14 chiens recevant l’aliment contenant 6 mg/kg de DON ont

    progressivement réduit leur consommation d’aliment, en relation linéaire avec le temps, et perdu

    régulièrement du poids, mais n’ont pas présenté de vomissements. Le niveau de consommation

    d’aliments est revenu à la normale après distribution d’un aliment sain. Les 2 chiens recevant l’aliment

    contenant 8 mg/kg de DON ont très rapidement présenté des vomissements, puis ont fortement réduit

    leur niveau de consommation (jusqu’à 21% du niveau de référence), ont présenté une chute

    significative de poids et furent retirés de l’essai au 8ème jour. Les 13 chiens recevant l’aliment le plus

    fortement contaminé (10 mg/kg de DON), ont majoritairement (en dépit de fortes variations

    individuelles) présenté des vomissements importants dès le premier jour, et comme les chiens

    précédents, ont très fortement réduit leur niveau de consommation (jusqu’à 15% seulement du niveau

    de référence pour certains), et ont perdu du poids. Pour les auteurs, le seuil de chute de la

    consommation alimentaire se situe chez le chien à 4,5 ± 1,7 mg de DON par kg d’aliment (soit 0,09

    mg/kg pc/j) et la dose sans effet avoisine 0,06 mg/kg pc/j.

    Par ailleurs, les auteurs ont également montré que les chiens initialement exposés à l’aliment

    contaminé, puis à un aliment sain, refusent ultérieurement de consommer à nouveau (en libre choix)

    l’aliment contenant du DON.

    Dans l’essai conduit sur les chats, les animaux recevant les aliments dosés à 0, 1, 2, 4, 6 ou 8 mg de

    DON /kg durant 14 jours ont consommé leur ration quasi-normalement, n’ont présenté aucun trouble

    digestif (vomissement notamment à l’exception d’un cas isolé), mais ont tous perdu du poids (5 à 10

    g/j). Les 8 chats recevant l’aliment renfermant 0 mg de DON /kg ont majoritairement, comme les

    chiens, (avec de fortes variations individuelles) présenté des vomissements importants dès le premier

    jour, ont fortement réduit leur niveau de consommation (46% seulement du niveau de référence en

    moyenne), et ont également fortement maigri (22 g/j). Pour les auteurs, le seuil de détérioration de la

    120

    consommation alimentaire se situe chez le chat à 7,7 ± 1,2 mg de DON par kg d’aliment (soit 0,135

    mg/kg pc/j) et la dose sans effet avoisine 0,110 mg/kg pc/j.

    En définitive, le DON, toxine fusarienne la plus fréquente, présente une toxicité similaire chez le chien,

    le chat et le porc, espèce considérée comme la plus sensible. Cependant, si dans les deux espèces

    carnivores, les vomissements surviennent pour un niveau de contamination de l’ordre de 8 à 10 mg

    de DON par kg d’aliment, la baisse de la consommation d’aliments peut survenir pour des valeurs plus

    basses en fonction des individus (3 mg chez le chien et 6 mg chez le chat). L’absence de

    neutralisation de cette mycotoxine lors du procédé habituel de fabrication des aliments pour

    carnivores domestiques et la consommation en continu d’un même aliment requièrent une grande

    vigilance des industriels vis-à-vis des approvisionnements en céréales et dérivés de céréales. Si, sur

    une courte période, le seuil de détérioration du niveau de consommation alimentaire se situe à 4,5 mg

    de DON par kg d’aliment chez le chien et à 7,7 mg de DON par kg d’aliment chez le chat, en

    consommation chronique, un seuil critique de 1 mg/kg de DON semble devoir ne pas être dépassé

    dans les conditions pratiques d’alimentation des carnivores.

    Toxine T-2 chez le chat

    La toxine T-2, la plus toxique des TCT, n’a jamais été impliquée dans des accidents de carnivores

    domestiques. Seules les données d’un essai toxicologique (Lutsky et Mor, 1981) conduit sur des chats

    pour tenter de reproduire les manifestations bien connues de l’aleucie alimentaire toxique de

    l’Homme, a été concluant avec mise en évidence du même tableau symptomatologique (aplasie

    médullaire, pancytopénie, troubles de l’hémostase, etc.) après l’administration per os de 0,08 mg/kg

    pc tous les 2 jours. Les 10 chats du test sont tous morts dans un délai maximal de 32 jours (temps

    moyen de survie de 21 jours). La sensibilité particulière des félidés vis-à-vis de la toxine T-2 ne serait

    qu’une preuve de plus de l’incapacité de cette espèce à recourir à la glucuronoconjugaison, voie

    habituelle de métabolisation de cette toxine.

    Réglementation

    Pour l’alimentation humaine, dans le cadre du règlement 1126/2007/CE modifiant le règlement

    1881/2006/CE (abrogeant lui même le règlement 466/2001/CE et ses modifications) portant fixation

    de teneurs maximales pour certains contaminants dans les denrées alimentaires, des teneurs

    maximales ont été fixées pour le DON (tableau 7a). Aucune teneur n”a été fixée pour NIV, T-2 et HT-2

    dans les denrées alimentaires. La fixation de ces teneurs maximales a été reportée pour permettre de

    collecter davantage de données sur la présence de ces toxines dans les produits végétaux.

    Pour l’alimentation animale, aucune teneur maximale en trichothécènes n”est fixée dans les matières

    premières et les aliments pour animaux. Cependant, la Commission recommande8 d”appliquer des

    teneurs maximales en DON dans les matières premières et aliments destinés à l”alimentation animale