› Forums › Rép :Synthèse du rapport de l”Agence française de sécurité sanitaire des aliments
[align=center]Les trichothécènes[/align]
Les moisissures productrices de trichothécènes sont du genre fusarium et contaminent principalement les céréales (blé, maïs, orge, sarrasin, millet, avoine, riz)
[align=center]Les trichothécènes du groupe A[/align]Toxicité aiguë
Les principaux effets relevés dans les études expérimentales de toxicité aiguë apparaissent pour des
doses de toxine T-2 comprises entre 0,06 et 10 mg/kg pc suivant les espèces animales et comportent
des symptômes non-spécifiques comme la perte de poids, l”inappétence, des dermatites, des
vomissements, des diarrhées, des hémorragies ainsi que des lésions nécrotiques de l”épithélium
stomacal et intestinal, de la moelle osseuse, de la rate, des testicules et des ovaires.
Toxicité chronique et Cancérogenicité
Des souris exposées par voie orale pendant 12 mois à 1,5 et 2,25 mg de toxine T-2/kg pc/j ont
présenté des lésions réversibles de l”oesophage (hypoplasie, hyperkératose) apparaissant dès la
13ème semaine. Chez le rat, les mêmes lésions sont observées au delà de 0,5 mg/kg pc
Des rats albinos exposés pendant 8 mois à 10 mg/kg d”aliment n”ont présenté aucune lésion dans les
organes observés.
Chez la souris, l’administration de 0,23 à 0,45 mg/kg pc/j de toxine T-2 pendant 16 mois induit une
augmentation de l”incidence d”adénomes pulmonaires de l”ordre de 10 % à la plus faible dose et de 15
% à la plus forte dose, ainsi que des adénomes hépatocellulaire chez les mâles à la plus forte dose et
une augmentation dose dépendante des d”hyperplasie de l”épithélium de l”estomac antérieur dans les
2 sexes aux deux doses testées. Aucune modification des paramètres hématologiques et
immunologiques n’a été rapportée dans cette étude.
Reprotoxicité
Les trichothécènes provoquent la mort foetale à partir de 3 mg T-2/kg p.c. administrés po ainsi que
des malformations foetales lorsque les souris sont soumises à 1 mg T-2/kg pc
Hématotoxicité
Lignée des globules blancs
Des diminutions du nombre de globules blancs (leucopénie) apparaissent après exposition aux
trichothécènes chez le chat, la souris, le cochon d’inde, le rat, le lapin, le mouton et le porc. Les intoxications aux trichothécènes se traduisent de différentes manières
si on considère la lignée des globules blancs. Dans les premières 24 heures après administration
d’une dose unique, une leucocytose (augmentation du nombre de globules blancs) est observée
suivie d’un retour à la normale pour une dose moyenne ou d’une leucopénie pour une dose plus forte
(Ueno et al., 1985). Lors d’administrations répétées, une leucopénie est observée (Otokawa et al.,
1983 ; Ueno et al., 1983 ; Ryu et al., 1988 ; Suphiphat et al., 1989).
Lignée des globules rouges
La lignée des globules rouges (érythrocytes) est également atteinte lors d’intoxications par les
trichothécènes. In vivo, des anémies, une diminution de la concentration en hémoglobine et une chute de
l’hématocrite ont été décrites chez le rat, le chat, la souris, le poulet et le cochons d’inde
Chez le chat, l’administration orale chronique de 0.08 mg/kg pc de toxine T-2 induit une anémie avec
une chute de l’hématocrite de 30 %, du taux d’hémoglobine (Lutsky et al., 1981) et la présence
d’érythrocytes nucléés dans le sang signant la régénération médullaire avec libération d’éléments
immatures (Conner et al., 1986). Ce dernier phénomène est également observé chez le porc après
administration de toxine T-2 et la souris après administration
Lignée plaquettaire :
L’apparition d’hémorragies constitue un des symptômes caractéristiques des intoxications aux
trichothécènes. Chez la souris gravide, l’administration orale de 3 mg de la toxine T-2/kg pc. provoque
la mort de 17 % des animaux par hémorragie massive vaginale prenant son origine au niveau des
points d’attache des enveloppes fœtales
[align=center]Les trichothécènes du groupe B[/align]
Effets sur la santé humaine (données épidémiologiques)
La consommation de produits contaminés par les trichothécènes serait à l”origine de graves
mycotoxicoses chez l’homme.
La première manifestation pouvant être imputée aux trichothécènes survint en 1891 dans le comté
d’Oussouri en Sibérie Orientale. Elle fut désignée sous le nom de maladie chancelante (Grevier-
Rames, 1989).
Les affections les plus connues, dans lesquelles les trichothécènes sont suspectées d”être
incriminées, sont l’Aleucie Toxique Alimentaire (ATA) décrite en Russie et aussi la “Moldy Corn
Toxicosis” en Amérique du Nord, la “Red Mold Disease” ou “Akakabi byo disease” au Japon, toutes
provoquant les mêmes symptômes.
L’ATA est rapportée depuis la fin du 19ème siècle en Russie. Mais, c’est dans les années 1940 que
les cas d’intoxication les plus graves ont été signalés. Cette intoxication a provoqué le décès de 10 %
de la population du comté d’Orenburg en Russie. L”ATA se caractérise par des diarrhées, des
vomissements et des modifications hématologiques et par l’apparition de pétéchie au cours des deux
premiers stades. Lors du troisième stade, l”atteinte du système hématopoïétique s”intensifie et le
nombre de cellules circulantes diminue. Le nombre de thrombocytes tombe sous les 5 000/mm3 alors
que le nombre de leucocytes chute sous les 100/ mm3 et le nombre d’érythrocytes devient inférieur à
1×106/ mm3 La population touchée avait consommé du pain préparé à partir de grains de blé
contaminés par des Fusarium. Le blé n”ayant pas été moissonné en raison de la guerre, la population
utilisait des grains de blé récoltés sous la neige en hiver. A partir de souches de Fusarium poae et
sporotrichioïdes) impliquées dans les épidémies d’ATA en Union Soviétique, de nombreux auteurs ont
montré la capacité de ces moisissures à produire des trichothécènes, notamment T-2 (Sato et al.,
1975 ; Szathmary et al., 1976). Le mécanisme impliqué dans la survenue des troubles
hématologiques due à une forte cytotoxicité sur les progéniteurs hématopoïétiques a été mis en
évidence 20 ans après.
Effets sur la santé animale
Toutes les études réalisées sur de jeunes animaux révèlent des réductions de la consommation
d’aliment et de la vitesse de croissance mises en évidence pour des teneurs en T-2 inférieures à
1 mg/kg d”aliment (Friend et al., 1992), significativement à partir de 3 mg de T-2/kg (Rafai et al.,
1995a) et d’autant plus marquées que les concentrations sont plus élevées par rapport aux témoins
(Rafai et Tuboly, 1982; Rafai et al., 1989, 1995a; Harvey et al., 1990, 1994). Les porcs refusent de
consommer un régime renfermant 16 mg de T-2/kg (Mirocha, 1977; Weaver et al., 1978a). Leur
vitesse de croissance est également réduite, les porcs perdant même du poids lorsque les aliments
renferment 5 à 15 mg de T-2/kg (Rafai et al., 1995a). Comme pour le DON (voir plus loin), ces effets
s”atténuent avec le temps alors que les animaux continuent à consommer l’aliment contaminé.
Signes cliniques chez le porc : La toxicité aiguë de la T-2 administrée par voie intraveineuse se manifeste par des réactions de
mastication, de salivation, suivies de vomissements, de polyphagie, de polydipsie, d’oligurie, puis
d’apathie, de difficultés respiratoires et d’une coloration violacée des muqueuses buccales et du groin
(Weaver et al., 1978a; Corley et al., 1983; Lorenzana et al., 1985b; Beasley et al., 1986; Pang et al.,
1986). Le porc défèque fréquemment. Entre 1 et 6 h, après la contamination, l’apparition d’une
parésie postérieure, d’une démarche titubante entraînant des chutes fréquentes est suivie d’une
léthargie extrême et de la mort qui intervient 19 h après l”injection. Chez les porcs qui ne meurent pas,
les symptômes régressent à partir de 5 à 12 h suivant l’injection, et les animaux retrouvent un état
normal après 24 h.
Animaux de compagnie et de loisirs
Les animaux de compagnie et de loisirs ne diffèrent pas fondamentalement des animaux domestiques
d’élevage en matière d’exposition et d’effets des mycotoxines, mais ils présentent une différence
notoire en rapport avec la durabilité de l’action toxique inhérente à leur longue espérance de vie. Pour
ces espèces, il s’avère donc particulièrement pertinent de déterminer non seulement l’impact de
consommation de faibles doses de TCT sur de très longues périodes avec ses répercussions sur la
fonction sanguine, l’intégrité des épithéliums, la fonction hépatique, la fonction de reproduction ou la
baisse d’immunité, mais aussi le risque ponctuel lié à des contaminations massives associés à un
tableau clinique plus évident
Les carnivores domestiques
De fréquentes remontées du terrain laissent à penser que les carnivores domestiques (canidés
notamment) seraient susceptibles de manifester un refus alimentaire lors de la consommation
d’aliments secs contenant des céréales avariées (blé notamment). En 1995, un fabricant d’aliment
nord américain a d’ailleurs rappelé 16 000 tonnes d’aliments secs à la suite d’une contamination de
ses croquettes par le DON . Une telle mésaventure s’explique d’autant mieux que le DON résiste à la
stérilisation, à l’autoclavage, mais aussi à la cuisson-extrusion lors de la fabrication des aliments secs
pour chiens ou pour chats (Hughes et al., 1999 ; Wolf-Hall et al., 1999). Aucune donnée de terrain
n’est disponible pour les autres TCT (toxines T-2 et HT-2 notamment).
DON et refus alimentaire chez les carnivores domestiques
Hughes et al. ont conduit une série d’essais sur chiens et chats en utilisant du blé naturellement
contaminé en DON (37 mg/kg). Les aliments secs produit selon un procédé d’extrusion classique ont
été formulés pour contenir in fine 0, 1, 2, 4, 6, 8 et 10 mg de DON par kg d’aliment.
Dans un essai conduit durant 14 jours sur des chiens, les animaux recevant les aliments dosés à 0, 1,
2 ou 4 mg/kg de DON ont consommé leur ration quasi-normalement et n’ont présenté aucun trouble
digestif (vomissement notamment). Les 14 chiens recevant l’aliment contenant 6 mg/kg de DON ont
progressivement réduit leur consommation d’aliment, en relation linéaire avec le temps, et perdu
régulièrement du poids, mais n’ont pas présenté de vomissements. Le niveau de consommation
d’aliments est revenu à la normale après distribution d’un aliment sain. Les 2 chiens recevant l’aliment
contenant 8 mg/kg de DON ont très rapidement présenté des vomissements, puis ont fortement réduit
leur niveau de consommation (jusqu’à 21% du niveau de référence), ont présenté une chute
significative de poids et furent retirés de l’essai au 8ème jour. Les 13 chiens recevant l’aliment le plus
fortement contaminé (10 mg/kg de DON), ont majoritairement (en dépit de fortes variations
individuelles) présenté des vomissements importants dès le premier jour, et comme les chiens
précédents, ont très fortement réduit leur niveau de consommation (jusqu’à 15% seulement du niveau
de référence pour certains), et ont perdu du poids. Pour les auteurs, le seuil de chute de la
consommation alimentaire se situe chez le chien à 4,5 ± 1,7 mg de DON par kg d’aliment (soit 0,09
mg/kg pc/j) et la dose sans effet avoisine 0,06 mg/kg pc/j.
Par ailleurs, les auteurs ont également montré que les chiens initialement exposés à l’aliment
contaminé, puis à un aliment sain, refusent ultérieurement de consommer à nouveau (en libre choix)
l’aliment contenant du DON.
Dans l’essai conduit sur les chats, les animaux recevant les aliments dosés à 0, 1, 2, 4, 6 ou 8 mg de
DON /kg durant 14 jours ont consommé leur ration quasi-normalement, n’ont présenté aucun trouble
digestif (vomissement notamment à l’exception d’un cas isolé), mais ont tous perdu du poids (5 à 10
g/j). Les 8 chats recevant l’aliment renfermant 0 mg de DON /kg ont majoritairement, comme les
chiens, (avec de fortes variations individuelles) présenté des vomissements importants dès le premier
jour, ont fortement réduit leur niveau de consommation (46% seulement du niveau de référence en
moyenne), et ont également fortement maigri (22 g/j). Pour les auteurs, le seuil de détérioration de la
120
consommation alimentaire se situe chez le chat à 7,7 ± 1,2 mg de DON par kg d’aliment (soit 0,135
mg/kg pc/j) et la dose sans effet avoisine 0,110 mg/kg pc/j.
En définitive, le DON, toxine fusarienne la plus fréquente, présente une toxicité similaire chez le chien,
le chat et le porc, espèce considérée comme la plus sensible. Cependant, si dans les deux espèces
carnivores, les vomissements surviennent pour un niveau de contamination de l’ordre de 8 à 10 mg
de DON par kg d’aliment, la baisse de la consommation d’aliments peut survenir pour des valeurs plus
basses en fonction des individus (3 mg chez le chien et 6 mg chez le chat). L’absence de
neutralisation de cette mycotoxine lors du procédé habituel de fabrication des aliments pour
carnivores domestiques et la consommation en continu d’un même aliment requièrent une grande
vigilance des industriels vis-à-vis des approvisionnements en céréales et dérivés de céréales. Si, sur
une courte période, le seuil de détérioration du niveau de consommation alimentaire se situe à 4,5 mg
de DON par kg d’aliment chez le chien et à 7,7 mg de DON par kg d’aliment chez le chat, en
consommation chronique, un seuil critique de 1 mg/kg de DON semble devoir ne pas être dépassé
dans les conditions pratiques d’alimentation des carnivores.
Toxine T-2 chez le chat
La toxine T-2, la plus toxique des TCT, n’a jamais été impliquée dans des accidents de carnivores
domestiques. Seules les données d’un essai toxicologique (Lutsky et Mor, 1981) conduit sur des chats
pour tenter de reproduire les manifestations bien connues de l’aleucie alimentaire toxique de
l’Homme, a été concluant avec mise en évidence du même tableau symptomatologique (aplasie
médullaire, pancytopénie, troubles de l’hémostase, etc.) après l’administration per os de 0,08 mg/kg
pc tous les 2 jours. Les 10 chats du test sont tous morts dans un délai maximal de 32 jours (temps
moyen de survie de 21 jours). La sensibilité particulière des félidés vis-à-vis de la toxine T-2 ne serait
qu’une preuve de plus de l’incapacité de cette espèce à recourir à la glucuronoconjugaison, voie
habituelle de métabolisation de cette toxine.
Réglementation
Pour l’alimentation humaine, dans le cadre du règlement 1126/2007/CE modifiant le règlement
1881/2006/CE (abrogeant lui même le règlement 466/2001/CE et ses modifications) portant fixation
de teneurs maximales pour certains contaminants dans les denrées alimentaires, des teneurs
maximales ont été fixées pour le DON (tableau 7a). Aucune teneur n”a été fixée pour NIV, T-2 et HT-2
dans les denrées alimentaires. La fixation de ces teneurs maximales a été reportée pour permettre de
collecter davantage de données sur la présence de ces toxines dans les produits végétaux.
Pour l’alimentation animale, aucune teneur maximale en trichothécènes n”est fixée dans les matières
premières et les aliments pour animaux. Cependant, la Commission recommande8 d”appliquer des
teneurs maximales en DON dans les matières premières et aliments destinés à l”alimentation animale