Rép :Synthèse du rapport de l”Agence française de sécurité sanitaire des aliments

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#203897
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    [align=center]Les aflatoxines[/align]

    les aflatoxines, et par extension des mycotoxines, peuvent atteindre l”alimentation de l”homme non seulement par voie

    directe “végétal – homme” ou pseudo-directe “végétal – produits végétaux transformés – homme”, mais

    aussi en empruntant un cheminement complexe le long des chaînes alimentaires : végétal –

    alimentation animale – produits animaux et dérivés – homme. L’aflatoxine est reconnue comme étant

    l’un des plus puissants cancérogènes d’origine naturelle.

    Les aflatoxines sont absorbées au niveau du duodénum (Kumagai, 1989). Chez les animaux

    monogastriques, l’absorption pourrait représenter près de 90% de la dose administrée (Gregory et al.,

    18

    1983). Après absorption, les aflatoxines sont véhiculées dans l’organisme après fixation sur les

    protéines plasmatiques. C’est le cas de l’AFB1 liée à l’albumine. La présence de cet adduit dans le

    sérum peut servir de bio-indicateur d”exposition (Chapot et Wild, 1991).

    Les aluminosilicates (Phillips et al., 1988) peuvent interagir avec l’aflatoxine en formant des

    complexes qui ne sont pas absorbés dans le tube digestif des animaux. De nombreuses publications

    montrent que ces produits et leurs apparentés peuvent atténuer les effets toxiques des aflatoxines

    chez le bétail (Guerre, 2000), ce qui explique l’intérêt des composés adsorbants en alimentation

    animale. Les propriétés adsorbantes des charbons activés ont également été observées, mais en

    raison de la coloration noire qu’ils donnent aux aliments, ces composés sont essentiellement utilisés à

    titre curatif (Galvano et al., 1996a). Enfin, les parois de bactéries lactiques en particulier de propionibactéries

    (Gratz et al., 2005) ainsi que les parois de la levure Saccharomyces cerevisiae possèdent

    un effet adsorbant in vitro et ex vivo (Yiannikouris et al.,2006) s’accompagnant d’une diminution de la

    toxicité des aflatoxines in vivo (Stanley et al., 1993, Raju et Devegowda, 2000). Il convient toutefois de

    signaler que l’utilisation de ligands en vue de détoxifier des aliments contaminés par des mycotoxines

    n’est pas prévue en 2007 par la réglementation Européenne (Règlement CE 1831/2003).

    Les aflatoxines, en particulier l’AFB1 qui a été la plus étudiée, subissent un métabolisme hépatique

    rapide se déroulant en deux phases (Eaton et Gallagher, 1994) (voir Figure 2):

    – Une phase I de biotransformation qui met en jeu les enzymes mono-oxygénases à

    cytochromes P450 (CYP). Les CYP2a5 et CYP3a interviennent chez la souris, alors que les

    CYP1A2 et 3A4 sont plutôt impliqués chez les primates sub-humains. La voie dominante de

    l’activation in vivo de l’AFB1 dans le foie humain se ferait par le CYP1A2 au travers des

    réactions d’oxydation formant par hydroxylation l’AFM1 et par époxydation l’AFB1 8,9-

    époxyde. Le CYP3A4 dont l’action serait moins prépondérante, se trouve impliqué dans la

    formation par hydroxylation de la 3α-hydroxy-AFB1 (AFQ1) et plus modestement dans la

    synthèse de l’AFB1 8,9-époxyde. Dans cette phase deux autres métabolisations

    enzymatiques de l’AFB1 interviennent : une O-déméthylation pour former l’AFP1 et une

    réduction de la fonction cétone en C1 (via une NADPH réductase) pour former l’aflatoxicol

    (AFOL). Les métabolites AFM1, AFP1 et AFQ1 sont éliminés dans les urines des mammifères

    exposés à l’AFB1. Seule l’AFM1 est éliminée dans le lait. La présence de ces métabolites

    dans les urines et de l’AFM1 dans le lait et dans le sérum, peut servir de bio-indicateur

    d”exposition (voir § 5.3).

    – Une phase II du métabolisme concerne le devenir de l’AFB1 8,9-époxyde. Elle comprend la

    conjugaison de l’AFB1 8,9-époxyde au glutathion par des glutathion S-transférases (GST).

    Une conjugaison à l’acide glucuronique des métabolites hydroxylés aboutit à la formation de

    glucurono-conjugués. Elle comporte aussi l’association de l’AFB1 8,9-époxyde aux acides

    nucléiques (ADN), engendrant la toxicité dont notamment la génotoxicité et la cancérogénicité

    (voir plus loin). Le site de formation d’adduits à l”ADN se situe en position N7 de la guanine

    (Cullen et Newberne, 1994). La présence d’adduits à l’ADN dans les urines, montrant

    l’initiation d’un processus de réparation du génome, consécutif à son altération, peut être

    aussi utilisée comme indicateur d’exposition(voir § 5.4). Cette alternative de devenir de l’AFB1

    8,9-époxyde entre glucurono-conjugaison et association à l’ADN, se traduit selon l’espèce

    animale et selon des situations particulières (déficit physiologique du foie, apport très imortant

    en toxines, polymorphisme des GST…) une variabilité de la sensibilité aux aflatoxines.

    Pouvoir cancérogène

    L’organe cible est le foie. Lors des études initiales entreprises chez l’animal exposé sur une longue

    période, la dose d’AFB1 engendrant des tumeurs du foie varie selon les espèces : de 10 à 30 μg/kg

    d’aliment pour les poissons et les oiseaux, ou de 15 à 150 000 μg/kg d’aliment pour les mammifères

    (Wogan, 1992), pouvant s’expliquer par des différences dans l’équipement enzymatique du foie

    Immunotoxicité

    Les aflatoxines affectent la réponse inflammatoire. Elles inhibent plusieurs fonctions

    des macrophages telles que la phagocytose, la production de radicaux oxygénés et la sécrétion de

    cytokines, mais aussi le chimiotactisme des neutrophiles et l’activité des cellules « Natural Killers ».

    L”effet immunotoxique le plus marqué des aflatoxines s’observe sur l”immunité à médiation cellulaire. En effet, les aflatoxines entraînent une atrophie des organes lymphoïdes, une diminution de

    l”hypersensibilité retardée en réponse à des mitogènes, une altération de la prolifération lymphocytaire

    et une modification de la production de cytokines.

    Les effets immunosuppresseurs des aflatoxines conduisent, chez les animaux recevant une

    alimentation contaminée, à une augmentation de la sensibilité aux infections microbiennes

    (bactérienne, parasitaire et virale) et à une diminution de l’efficacité vaccinale.

    Des études épidémiologiques menées sur des populations humaines exposées de façon chronique à

    de fortes doses d’aflatoxines montrent que cette mycotoxine a des propriétés hépatocarcinogènes

    chez les adultes en particulier lorsqu’elle est associée à l”infection par le virus de l”hépatite B. Chez les

    enfants, une altération de la croissance et des anomalies immunitaires ont également été observées

    Effets sur la santé humaine

    Intoxication aiguëLes effets se manifestent par une hépatite aiguë, Les symptômes cliniques typiques mais non

    spécifiques incluent jaunisse, dépression, anorexie, et diarrhée. La mortalité a atteint 25% lors

    d’intoxications en Inde

    Intoxication chronique

    La plupart des études épidémiologiques tendent à montrer l’existence d’une corrélation entre une

    exposition chronique à l’aflatoxine via le régime alimentaire et une prévalence du cancer primitif du

    foie

    Effets sur la santé animale et transfert dans les produits animaux

    Les porcins

    Plusieurs cas d’aflatoxicose aiguë survenus en élevage ont été décrits. La mort des

    animaux est le plus souvent survenue en quelques heures après un épisode hémorragique sévère

    Les volaillesLa forme chronique de l’intoxication est la plus fréquente. Les manifestations cliniques

    observées sont dominées par une diminution des performances (diminution du GMQ, chute de ponte)

    associée à des hémorragies et des défauts de pigmentation des carcasses. Les lésions hépatiques

    sont les plus caractéristiques. Une hyperplasie nodulaire avec fibrose et prolifération des canalicules

    biliaires est observée chez le canard, la dinde, le poulet. Lors d’exposition prolongée pendant plusieurs semaines (souvent plus

    de 10), la fibrose hépatique s’accompagne de tumeurs et une toxicité embryonnaire peut apparaître.

    Ces troubles sont accompagnés de différentes altérations biochimiques et hématologiques. On note

    une diminution des concentrations sériques en protéines, cholestérol, triglycérides et une

    augmentation des concentrations en gammaglutamyl transférases, phosphatases alcalines, sorbitol

    déshydrogénases et transaminases. Enfin, une altération des défenses immunitaires est observée

    mais qui varie avec la dose d’exposition aux aflatoxines et le moment d’exposition à l’agent infectieux

    (pendant ou après l’exposition aux aflatoxines.)